Elections en Afrique du Sud : les trois forces politiques en présence

L’Afrique du Sud vote mercredi pour élire ses députés au Parlement et ses représentants dans les neuf assemblées provinciales, conclusion de longs mois de campagne dirigés par les chefs de ses trois principaux partis. Voici un bref portrait de ces trois personnalités qui dominent la vie politique nationale :

L’astucieux président

Cyril Ramaphosa, 66 ans, a pris en décembre 2017 le contrôle du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, puis les rênes du pays deux mois plus tard, en poussant son prédécesseur Jacob Zuma vers la retraite anticipée.

Né dans le township noir de Soweto, dans la banlieue de Johannesburg, il a fait ses armes dans les mouvements étudiants engagés dans la lutte contre l’apartheid. Un engagement payé de dix-sept mois de prison.

Il a ensuite fondé le syndicat des mineurs. Devenu l’homme de confiance de Nelson Mandela, il a dirigé les négociations qui ont abouti à la fin du régime raciste blanc en 1994.

Tout le monde le voyait alors en successeur de Nelson Mandela lorsque ce dernier s’est retiré en 1999. Mais les caciques de l’ANC lui ont préféré Thabo Mbeki.

Il s‘éloigne alors de la politique pour faire carrière dans les affaires, siégeant aux conseils d’administration de McDonald’s, Coca-Cola ou d’entreprises minières.

Devenu l’une des plus grosses fortunes sud-africaines, Cyril Ramaphosa a vu sa réputation ternie en 2012 avec la mort de 34 mineurs tués par la police lors d’une grève à Marikana (nord), dont il était actionnaire. Il s‘était alors prononcé pour la répression des grévistes.

Cyril Ramaphosa a signé son retour en politique en devenant en 2014 le vice-président de Jacob Zuma. Là aussi, il est critiqué pour avoir fermé les yeux sur la corruption.

Il s’est imposé d’un souffle lors de la course à la succession de M. Zuma à la tête de l’ANC il y a un an et demi.

A en croire les sondages, son image rassurante de gestionnaire pragmatique et prudent a permis, après les frasques des années Zuma, d’enrayer au moins momentanément le déclin de l’ANC, qui devrait conserver sa majorité parlementaire le 8 mai.

Le jeune chef de l’opposition

Mmusi Maimane, 38 ans, est le premier chef noir du principal parti d’opposition sud-africain, l’Alliance démocratique (DA).

Né lui aussi dans le township de Soweto, il n’a rejoint la DA qu’en 2009, pour être propulsé à sa tête six ans plus tard à peine.

Cette promotion express a nourri les soupçons de ses adversaires et des observateurs qui l’ont décrit en homme de paille noir d’un mouvement encore considéré comme un “parti de Blancs”.

Eloquent, à l’aise devant les médias, Mmusi Maimane les a démentis en parvenant tant bien que mal à préserver l’unité de la DA et à la conduire au succès lors des élections locales de 2016. Par le biais d’alliances, son parti a arraché à l’ANC des villes emblématiques comme Johannesburg et Pretoria.

Consultant de formation, il n’a toutefois pas réussi à faire profiter son mouvement des années calamiteuses du règne de Jacob Zuma (2009-2018) à la tête du pays, s’attirant moult critiques sur son manque de charisme et d’autorité.

Les derniers sondages n’accordent au mieux mercredi à la DA qu’une progression marginale sur les 22% recueillis en 2014.

Chrétien pratiquant, Mmusi Maimane a étudié la théologie et a épousé une femme blanche, encore une curiosité en Afrique un quart de siècle après la chute de l’apartheid.

L’agitateur radical

Julius Malema, 38 ans, a fondé les Combattants pour la liberté économique (EFF) en 2013 après avoir violemment claqué la porte de l’ANC dont il dirigeait la Ligue des jeunes.

Rebelle et provocateur, il s‘était mis à dos tout l‘état-major du parti qu’il accusait de mansuétude à l‘égard de la minorité blanche du pays.

Béret rouge sur la tête, le “commandant en chef” des EFF s’est depuis imposé en défenseur autoproclamé de jeunes et de pauvres à ses yeux “oubliés” par l’ANC.

Lors de ses discours enflammés, il prône la “révolution” par l’expropriation sans indemnisation des terres toujours largement aux mains des Blancs et la nationalisation des banques et mines du pays.

Dénoncé comme outrancier, son discours séduit les jeunes et les déçus du gouvernement de l’ANC qui n’ont guère vu leurs conditions de vie changer depuis l’avènement de la démocratie.

Son mouvement a le vent en poupe, crédité de 10 à 15% des intentions de vote le 8 mai.

AFP

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