Face à l’intensité des violences des groupes armés, des populations du Nord-Kivu en RDC franchissent illégalement la frontière ougandaise. Mais, pour Kampala et des humanitaires, parmi ces déplacés, il y a des porteurs du virus d’Ebola.
Ebola : l'Ouganda en alerte rouge en raison de l'immigration clandestine
Plus de 60 000 personnes de la localité de Beni, dans la province du Nord-Kivu à l’est de la RDC ont quitté leur foyer depuis le début de la dernière vague d’attaques armées, le 30 mars.
Si certaines personnes ont effectué leur traversée de manière légale, d’autres sont utilisées comme boucliers humains par des groupes armés qui les empêchent d’atteindre les frontières officielles pour être enregistrés, et se soumettre au dépistage d’Ebola aux fins d’une prise en charge.
D’autres encore choisissent de rendre illégalement en Ouganda. Ce, en bravant tous les obstacles (forêt dense, lac Edouard, lac Albert, etc.) se trouvant sur les quelque 770 km de frontière entre la RDC et l’Ouganda.
Et c’est cette dernière catégorie de réfugiés qui inquiète les humanitaires. Échappant aux contrôles sanitaires, ils pourraient favoriser la propagation non détectée du virus Ebola.
« Une fois en Ouganda, ils évitent les procédures d’immigration officielles et l’enregistrement en tant que réfugiés. Ce qui signifie qu’ils risquent de ne pas être soumis au dépistage d’Ebola et qu’ils ne pourront pas accéder aux services même préparés pour les aider », redoute Francis Iwa, directeur exécutif de Care for Forced Migrants (CAFOMI), une organisation caritative basée à Kampala.
L’Ouganda disposé à accueillir les réfugiés
La localité de Beni est frappée par une épidémie d’Ebola depuis août 2018. Elle a déjà infecté près de 1 495 personnes et en a tué 984 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Mais pas de quoi entamer la politique hospitalière de Kampala. «L’Ouganda continuera à ouvrir ses portes aux réfugiés, car c’est notre politique », a déclaré Musa Ecweru, ministre ougandais de la Gestion des catastrophes et de la protection des réfugiés.
« Nous devons permettre aux personnes qui ont besoin d’un refuge de venir en Ouganda, mais nous devons également rester vigilants pour ne pas compromettre la santé de la population de notre pays », a-t-il ajouté.
De leur côté, le gouvernement congolais et ses partenaires dont l’OMS peinent à contenir l‘épidémie. En raison surtout des violences perpétrées par des groupes armés, et même des soldats congolais mis en cause par des experts indépendants.
« Les combats rendent très difficile, voire impossible parfois, nos équipes d’atteindre certaines de ces zones de déplacement », a déclaré Dana Hughes, porte-parole régionale du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour l’Afrique de l’Est et les Grands Lacs.