La révolution se poursuit en Algérie, et cette fois au sein même de la majorité présidentielle. Dernière défection en date, celle du Rassemblement national démocratique (RND), principal allié du parti (FLN) d’Abdelaziz Bouteflika qui rejoint une longue liste d’alliés du président Bouteflika qui ont décidé de rallier la contestation.
Algérie : face à la contestation populaire, Bouteflika lâché par des soutiens de poids
Le Rassemblement national démocratique (RND) ne veut plus d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Algérie. Dans un communiqué transmis à l’AFP, le principal parti de la mouvance présidentielle a désavoué le dirigeant algérien et exigé sa “démission (...) dans le but de faciliter la période de transition”, mentionne le texte signé de l’ex-Premier ministre et secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia.
Il y a encore quelques semaines, le RND et son chef Ahmed Ouyahia, s‘étaient pourtant fait les fervents défenseurs d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, estimant qu’il avait encore beaucoup à donner à l’Algérie.
Courant février, le dirigeant algérien s‘était finalement laissé tenter par ces sirènes et avait mordu avec gourmandise dans le gâteau d’une nouvelle candidature, déclenchant la colère de milliers d’Algériens. Dans les premières semaines de la contestation débutée le 22 février, le président Bouteflika a certes concédé sa participation à la prochaine présidentielle, mais a décidé de se maintenir au pouvoir.
Suffisant pour amplifier les mouvements de protestation et au-delà, occasionner de nombreuses défections dans ses rangs. Ce mardi, l’armée, considérée comme un rempart pour le président et son régime, a appelé à une destitution du président Bouteflika. L’annonce surprise est venue du chef d‘état-major de l’armée, le général Gaïd Salah, également vice-ministre de la Défense et considéré comme l’un des personnages les plus puissants du pouvoir algérien.
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Le précédent zimbabwéen
Ce fidèle de M. Bouteflika a prôné le lancement de la procédure prévue par l’article 102 de la Constitution, applicable quand le président de la République “pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions” ou en cas de démission.
Une série de défections inaugurée dès le 5 mars par la très influente Organisation nationale des moudjahidin (ONM). Accusant les institutions de ne pas être “à la hauteur des aspirations légitimes de notre peuple”, elle avait salué des manifestations populaires au “comportement civilisé”. Cette association qui regroupe les combattants de la guerre d’indépendance, n’avait pas hésité à dénoncer fermement les arrangements “contre-nature” entre des membres du régime et des investisseurs étrangers. Une charge violente en parfaite dissonance avec le soutien “indéfectible” que clamaient quelques semaines plus tôt, les anciens combattants à leur “compagnon d’armes”.
Dans la foulée du rétropédalage de l’ONM, le Forum des chefs d’entreprise (FCE), organisation patronale dirigée par un proche de Saïd Bouteflika, le frère du chef de l’Etat, ou encore l’Association des anciens du ministère de l’Armement et des Liaisons générales (services de renseignements algériens durant la guerre d’indépendance) ont tourné le dos au président Bouteflika.
À présent, pris dans l‘étau de la pression de la rue et de son propre camp, Abdelaziz Bouteflika a peu d’options sur la table, si ce n’est une démission ou le risque de subir une honteuse procédure de destitution, après s‘être battu pour le retour de la paix en Algérie. Il y a deux ans, englué dans une situation similaire au Zimbabwe, Robert Mugabe, autre vétéran de la guerre d’indépendance, avait choisi la voie de la démission.
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