Gabon – Prestation de serment au Maroc : le précédent gambien

Ce mardi 12 février, la Cour constitutionnelle gabonaise et sa présidente Marie-Madeleine Mborantsuo se déplaçaient à Rabat, la capitale marocaine. Un voyage consacré à la cérémonie d’investiture de la nouvelle ministre de la Défense, Rose Christiane Ossouka Raponda, qui a prêté serment devant quelques-uns de ses collègues ainsi que le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba à l’ambassade du Gabon.

La cérémonie, inédite pour le petit Etat pétrolier d’Afrique centrale, a ravivé les spéculations et pamphlets nés de la convalescence au Maroc du président Ali Bongo à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC), à Riyad, fin octobre. Pour une partie de la classe politique gabonaise, ce nouvel épisode illustre bien la “boutéflikation” du régime gabonais – une illusion à peine voilée au président algérien, Abdelaziz Bouteflika, lui aussi victime d’un AVC, en 2013, et qui se fait depuis discret dans son pays.

“Dans quel pays on déplace une Cour constitutionnelle et on lui demande d’exercer ses fonctions dans un pays étranger ? Ce nouvel épisode prouve que le chef de l’Etat n’est pas en capacité de diriger le Gabon. Au moins Abdelaziz Bouteflika est en Algérie”, s’est insurgé sur RFI l’opposant Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi de l’Union nationale.

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Le précédent gambien

Mais l’exemple gabonais n’est en rien une exclusivité. Il rappelle en effet le cas gambien, dans des circonstances certes différentes. Nous sommes en janvier 2017. La Gambie risque un bain de sang au plus fort de la crise postélectorale. Lâché par son armée et plusieurs pontes de son régime face à la pression d’une intervention militaire de la Cédéao, Yahya Jammeh refuse de céder le pouvoir malgré sa défaite à l’élection présidentielle le 1er décembre 2016. Adama Barrow, le président élu, est contraint à l’exil au Sénégal voisin.

Le 19 janvier 2017, le mandat de Yahya Jammeh arrive à son échéance. À l’ambassade de Gambie à Dakar, où il s’est réfugié depuis quelques jours, M. Barrow a prêté serment en présence notamment du Premier ministre sénégalais Mahammed Boun Abdallah Dionne, ou encore du président de la commission électorale de Gambie.

Une cérémonie, certes inédite, mais qui répond – tout comme dans le cas gabonais – au principe de l’extraterritorialité qui veut qu’un pays étende ses frontières dans ses représentations diplomatiques.

Mi-janvier, cependant, le président gabonais Ali Bongo était rentré expressement à Libreville où il a assisté à la prestation de serment de l’ensemble de son nouveau gouvernement. C‘était une semaine après la tentative de putsch perpétrée par des éléments de la Garde républicaine qui dénonçaient l’instrumentalisation du chef de l‘État.

La prestation de serment de la nouvelle ministre de la Défense intervient, quant à elle, à la suite d’un mini-remaniement le 30 janvier.

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