Le président camerounais Paul Biya a livré son message à la jeunesse camerounaise, célébrée ce lundi 11 février. Un message davantage porté sur l‘émergence du Cameroun auquel M. Biya appelle ses jeunes compatriotes à s’engager, mais qui fait l‘économie de la crise anglophone, ou même encore le retrait de la CAN en 2019.
Cameroun - Fête de la Jeunesse : Biya fait l'impasse sur la crise anglophone
Le Cameroun célèbre ce lundi 11 février sa “Fête de la jeunesse”. Une 53e édition dont l’objectif ne s‘éloigne pas des précédentes, c’est-à-dire, fédérer la jeunesse camerounaise autour d’un idéal commun d’unité et d’engagement social. Mais aussi, une édition “pour commémorer et célébrer chaque année les victoires, les prouesses de la jeunesse camerounaise de l’intérieur du triangle national et de la diaspora dans presque tous les domaines qu’ils soient agricole, élevage, économie bleue, économie verte, économie numérique, pêche, politique, sport, sciences de l’innovation et de la technologie”, souligne le site du ministère camerounais de la Jeunesse.
Si ce ministère reconnaît que la commémoration est marquée par “le retrait de l’organisation de la CAN 2018 au Cameroun, la montée en force des relents et replis identitaires” ainsi que “les remous sociaux et les velléités sécessionnistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest”, le président camerounais Paul a préféré s’axer sur la participation des jeunes à son programme d‘émergence.
Dans son message à la jeunesse diffusé sur les antennes de la télévision nationale, Paul Biya appelle les jeunes à “d’abord défendre [tous nos] acquis afin de mieux mener le combat pour l’émergence”. Le président camerounais qui s’est dit conscient des difficultés éprouvées par les jeunes, notamment le chômage, a rappelé quelques réalisations faites dont le recrutement de 500 000 personnes en 2018, et la mise en œuvre du Plan Triennal “Spécial Jeunes” qui concerne plus de 600 mille personnes. Yaoundé prévoit en outre la création de 500 000 emplois en 2019.
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Célébration boycottée
Aucune mention cependant du retrait de l’attribution de la Coupe d’Afrique des Nations 2019 au Cameroun qui a finalement été décalée à 2023, au détriment des investisseurs. Encore moins de la crise dans les deux régions anglophones du pays. Les sécessionnistes des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest continuent de réclamer la partition du pays face à un gouvernement qui réfute toute idée de dialogue. Nouvelle preuve de la fracture entre Yaoundé et les sécessionnistes, le boycott imposé de la fête de la jeunesse dans les régions anglophones où aucun défilé n’a été constaté ce lundi.
Un paradoxe avec l‘étymologie même de cette célébration initiée en 1966 par le président Ahmadou Ahidjo. En effet, selon les historiens, la fête de la jeunesse répondait au projet de rapprocher les jeunes des deux parties du Cameroun. La date du 11 février fait notamment référence au référendum du 11 février 1961 qui a vu la partie Sud du pays se prononcer en faveur du rattachement au Cameroun francophone, indépendant depuis 1960.
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