Les Etats-Unis d’Amérique ont décidé de réduire de plusieurs millions de dollars l’aide militaire accordée au Cameroun en raison de violations présumées des droits de l’homme, ont confié des responsables américains à CNN.
Violation des droits de l'homme : les Etats-Unis reduisent leur aide militaire au Cameroun
Ces suppressions concerneraient quelque 17 millions de dollars qui devaient être dédiés à la formation des forces de l’ordre camerounaises, à l’achat de radars, de neuf véhicules blindés ou encore de patrouilleurs, détaille CNN. L’Etat camerounais a par ailleurs été déclassifié du programme de partenariat d’Etat auquel il devait être candidat. Un programme qui prône la coopération en matière de sécurité associant l’armée américaine à des pays hôtes.
Par cette réduction de l’assistance militaire, Washington veut ainsi montrer sa désapprobation face aux violations présumées des droits de l’homme dont est couramment accusé Yaoundé, via son Bataillon d’intervention rapide (BIR). De nombreux rapports d’ONG dont Amnesty International épinglent en effet les forces de l’ordre camerounaises dans leur lutte contre les extrémistes de Boko Haram et les séparatistes des régions anglophones.
En mai dernier, l’ambassadeur américain au Cameroun, Peter Henry Barlerin, avait par ailleurs accusé les forces de sécurité camerounaises d’avoir perpétré “des assassinats ciblés, des détentions sans accès à un avocat, à la famille ou à la Croix-Rouge, ainsi que des incendies et des pillages de villages dans la zone anglophone”. Il avait dans le même texte pointé des violences commises par les séparatistes anglophones, notamment des “meurtres de gendarmes, enlèvements de fonctionnaires et incendies d’école”.
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Yaoundé en sursis
“Nous avons informé le gouvernement camerounais que le manque de progrès et de clarté au sujet des actions entreprises par le gouvernement en réponse à des allégations crédibles de violations flagrantes des droits de l’homme pourrait entraîner une suspension plus large de l’aide des Etats-Unis”, a déclaré à CNN un
responsable du Département d’Etat aux Etats-Unis. De son côté, Yaoundé assure que l’aide en matière de sécurité affectée par Washington ne sera pas détournée de son objectif initial.
L’an dernier, en amont de la présidentielle d’octobre au Cameroun remportée par Paul Biya, plusieurs faits d’abus imputés à l’armée camerounaise ont été dévoilés dans des vidéos amateures. Si Yaoundé a annoncé l’ouverture d’enquêtes, les résultats de ces enquêtes n’ont pas été communiqués. Pour les Etats-Unis, cependant, le contrat de confiance ne pourra être rétabli que si les autorités camerounaises se montrent transparentes dans les enquêtes sur les violations présumées des droits de l’homme imputées à l’armée camerounaise.
Le Cameroun est pris entre la lutte contre les extrémistes de Boko Haram dans sa région de l’Extrême-Nord, tandis que dans ses régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, il doit se départir d’une insurrection qui réclame la partition du pays. En dépit de ces obstacles, Yaoundé s’est révélé être un allié important dans la lutte contre l’extrémisme, notamment pour ses voisins nigérian et centrafricain ; mais aussi dans le rétablissement de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée.
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