Présidentielle au Sénégal : l'ex-maire de Dakar y tient, malgré le rejet de son dossier

L’opposant sénégalais et ex-maire de Dakar Khalifa Sall a vu jeudi ses chances de participer à l‘élection présidentielle fortement réduites avec le rejet de son pourvoi en cassation contre sa condamnation pour escroquerie, mais ses partisans assurent qu’il reste en course pour le scrutin du 24 février.

La Cour suprême du Sénégal a rejeté un recours de M. Sall qui contestait sa condamnation fin août à cinq ans de prison par la cour d’appel de Dakar dans un dossier lié à sa gestion de la capitale sénégalaise, dont il était maire depuis 2009.

La Cour “rejette les pourvois formés par Khalifa Ababacar Sall”, qui sont “irrecevables ou mal fondés”, a déclaré le président de l’audience de la chambre criminelle, Amadou Baal. Quelques dizaines de manifestants étaient venus soutenir l’ancien édile, démis de ses fonctions par le président Macky Sall, aux abords d’une Cour suprême placée sous haute surveillance policière.

La défense de ce farouche opposant au chef de l’Etat, qui briguera lui-même un second mandat dans moins de deux mois, a immédiatement annoncé son intention d’introduire un ultime recours.

“Dès que la décision nous sera notifiée, nous allons introduire la procédure de rabat d’arrêt”, qui permet aux parties de contester un arrêt pris en cassation en cas “d’erreur manifeste”, a déclaré à la presse un des avocats de Khalifa Sall, Me Seydou Diagne.

“Toujours éligible”

“La Cour a rejeté l’ensemble des pourvois” mais “elle n’a pas privé Khalifa Sall de ses droits civiques. Jusqu‘à ce jour, il reste électeur et éligible”, a expliqué un autre avocat de Khalifa Sall, Me Amadou Ali Kâne.

Avec Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade radié des listes électorales après une condamnation pour enrichissement illicite, Khalifa Sall est considéré comme l’un des rares adversaires à pouvoir menacer dans les urnes Macky Sall, qui vise une réélection dès le premier tour.

La liste des candidats retenus pour la présidentielle doit être annoncée au plus tard le 20 janvier par le Conseil constitutionnel.

Selon la défense de Khalifa Sall la procédure rare de “rabat d’arrêt” a un “effet suspensif” lorsque la plus haute juridiction du pays est amenée à trancher dans une matière relevant du droit pénal. Mais selon un avocat de l’Etat du Sénégal qui s‘était constitué partie civile cette procédure “n’a pas un caractère suspensif”.

“La Cour a de bon droit rejeté le pourvoi” parce que “les moyens qui ont été développés (par la défense) n’ont pas été pertinents”, a commenté à l’issue de l’audience, Me Baboucar Cissé. “Cette décision rend définitive la condamnation de Khalifa Ababacar Sall”, a-t-il estimé.

Pour appuyer le futur recours, les avocats de Khalifa Sall ont mis jeudi en avant une “erreur” dans la composition de la chambre de la Cour suprême, formée selon eux de six magistrats alors qu’elle doit en principe “siéger en nombre impair”, selon Amadou Ali Kâne.

Lors du prononcé de l’arrêt, six personnes étaient assises sur l’estrade réservée aux juges, mais le président de la chambre, Amadou Baal, n’a cité que cinq noms de conseillers ayant délibéré dans cette affaire, dont le sien, selon un journaliste de l’AFP.

Manifestations

“Macky Sall instrumentalise la justice pour augmenter ses chances de réélection en utilisant tous les moyens possibles pour empêcher Khalifa Sall de se présenter”, a commenté après l’audience un étudiant de 20 ans, Ousmane Diagne, prêt à “continuer le combat”.

En prison depuis mars 2017, Khalifa Sall, 63 ans, a fait dissidence du Parti socialiste, membre de la coalition qui soutien la réélection de Macky Sall.

L’opposition, qui réclame depuis des mois des élections “justes et transparentes”, a annoncé qu’elle manifesterait à nouveau à Dakar le 8 janvier. En cas d‘élimination définitive des candidatures de Khalifa Sall et de Karim Wade, les adversaires du chef de l’Etat pourraient se tourner vers le jeune député Ousmane Sonko, figure montante de l’opposition.

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AFP

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