L’accord de cessez-le-feu entre le gouvernement congolais et l’ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, a marqué dimanche son premier anniversaire mais des ONG réclament encore la justice malgré le désarmement des miliciens et le retour des déplacés dans la région du Pool (sud).
Congo : premier anniversaire d'un accord de paix au bilan contrasté
Cet accord a été un ensemble d’engagements pris par les deux parties en vue d’arrêter les hostilités qui ont duré d’avril 2016 à décembre 2017, puis pacifier et ramener définitivement la paix dans le Pool, longtemps considéré comme le “grenier” de Brazzaville.
Depuis lors au moins 8.000 armes de tout calibre ont été collectées et détruites, les poursuites judiciaires à l’encontre du Pasteur Ntumi ont été levées et le trafic ferroviaire, interrompu pendant deux ans, a repris fin novembre.
“Aucune partie n’a violé l’accord. Le principal acquis c’est la paix qui a permis aux populations de regagner leurs localités d’origine”, se félicite Séraphin Ondélé, président de la Commission ad hoc mixte paritaire (CAMP) chargée de l’application de l’accord.
M. Ondélé ignore le nombre des déplacés qui ont regagné leurs villages, alors qu’ils étaient estimés à quelque 138.000 par les ONG internationales pendant un conflit qui s’est déroulé à “huis clos”.
“Aujourd’hui on peut circuler librement dans le Pool. Maintenant, ce que nous voulons c’est que les populations puissent avoir des activités économiques et gagner des revenus”, indique Emma Ngouan-Anoh, coordonnatrice adjointe des agences du Système des Nations unies au Congo.
Le conflit du Pool a éclaté au lendemain de la publication des résultats de l’élection présidentielle contestée et remportée par le président Denis Sassou Nguesso, 75 ans, qui cumule 34 ans de pouvoir.
Voisine de Brazzaville, la capitale, la région du Pool avait déjà été le théâtre d’affrontements entre 1998 et 2003.
“La façon dont l’accord a été négociée pour régler le dernier conflit a laissé un goût amer parce que la population a été simplement ignorée”, déplore à l’AFP Trésor Nzila, directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH).
“Pas justice, pas d’indemnisations pour une population meurtrie. On nous a habitués aux violations des droits humains sans réparations”, se désole M. Nzila.
AFP