Pas moins d’une dizaine d‘élections se sont déroulées sur le continent africain cette année. Comme depuis le début des indépendances, les profils classiques – vieux loups de la politique, âgés d’au moins 60 ans, opposants éternels ou présidents accrochés au pouvoir – étaient au rendez-vous. Mais un air nouveau a soufflé sur les élections africaines, emmenées par l‘énergie de la jeunesse.
2018, une année électorale galvanisée par les jeunes
Qu’ils soient candidats, militants de la société civile ou sympathisants, bien de jeunes africains ont manifesté un intérêt certain pour la politique sur le continent. Galvanisés par un désir de changement, ces jeunes se sont investis tout au long des campagnes électorales pour faire entendre leur voix. Le succès n’a pas toujours été assuré, mais l‘écho a résonné aux quatre coins de l’Afrique.
Difficile de passer à côté de la campagne populaire du leader du parti Univers, Cabral Libii lors de la présidentielle d’octobre 2018 au Cameroun. Ce jeune enseignant de droit à l’Université de Yaoundé II, âgé de 38 ans, a fait sortir de son lit la jeunesse camerounaise. Armé de son verbe, de son programme de société et de sa popularité sur les réseaux sociaux – outil incontournable de communication de ces dernières années – Cabral Libii a sillonné les villes du Cameroun pour porter son message. Seule la jeunesse est capable de désagréger la gérontocratie camerounaise dont la figure de proue est le président Paul Biya, 85 ans, dont 36 au pouvoir, et vainqueur de la présidentielle d’octobre.
Cabral Libii n’a pas remporté ces élections, mais il a relevé, comme aiment à le dire ses partisans, le défi de la mobilisation, jusqu‘à le propulser en troisième position à ces joutes, loin devant des partis traditionnels comme le SDF de l’emblématique opposant historique John Fru Ndi. Et cela, sans moyens financiers conséquents.
Contourner le repli citoyen
Des itinéraires différents mais, des objectifs quasi-similaires avec Nelson Chamisa, le nouveau patron du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) au Zimbabwe. Il y a deux années en arrière, ce jeune avocat de 40 ans était abrité à l’ombre du chef historique de l’opposition, Morgan Tsvangirai, fondateur du MDC. Puis la grande faucheuse a frappé, Morgan Tsvangirai a été emporté par un cancer malicieux. Voilà Nelson Chamisa propulsé au rang de chef de l’opposition. Lors des élections de juillet qui l’opposait au successeur de Robert Mugabe, Emmerson Mnangagwa, l’opposant a récolté plus de 40 % des voix. Un score insuffisant pour l‘élire à la tête du pays, mais assez pour faire de lui le plus coriace des adversaires politiques du président Mnangagwa.
En Côte d’Ivoire, où se sont tenues des élections locales et régionales en octobre, la patte des jeunes s’est également fait sentir avec l‘émergence de figures fraîches, notamment dans les communes du Plateau, de Cocody ou encore de Treichville. La République démocratique du Congo n’est pas en reste. Alors que ce pays-continent se prépare à des élections générales le 23 décembre, les jeunes de la société civile sont à pied d’oeuvre pour faire entendre la voix des urnes. A travers diverses initiatives, ils comptent anéantir toute tentative de fraude et de manipulation visant à souiller ces élections.
Si ces initiatives tendent à rassurer sur un sursaut démocratique en Afrique, les observateurs plaignent toutefois des poches de résistance. Dans bien de pays africains, la voix de la jeunesse est étouffée par des régimes autoritaires qui continuent d’imposer un système électoral aux antipodes de la démocratie. Conséquence, le changement se fait attendre.
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