Cameroun : les séparatistes anglophones frappent leur propre monnaie

Au Cameroun, des séparatistes anglophones annoncent la création d’une monnaie virtuelle dénommée « Ambacoin ». Et selon eux, le fiduciaire ne devrait pas tarder.

Des sites administrés par l‘élite anglophone dont southern cameroon parlent de la création d’une monnaie virtuelle dénommée Ambacoin en référence à la «République fédérale d’Ambazonie », un État non reconnu par la Communauté internationale. Selon ces organes, un AmbaCoin se change à 140 francs CFA (0,28 dollar). Le principal placement initial en numéraire est prévue le 24 décembre.

De quoi cristalliser les espoirs au niveau des « autorités » sécessionnistes. « Nous y arrivons les gens », se félicitait récemment Chris Anu, considéré comme secrétaire d‘État à la communication et au numérique de l’Ambazonie.

Les séparatistes anglophones voudraient ainsi se détacher du franc CFA utilisé par le Cameroun, membre de la Communauté économique et monétaire des états de l’Afrique centrale (CEMAC). Pour eux, le franc CFA utilisé en Afrique centrale et en Afrique occidentale (UEMOA) est lié au Trésor national français.

Une coupure de l’Ambacoin. Crédit photo : southern cameroon

Si les séparatistes anglophones peinent jusqu’ici à obtenir la reconnaissance internationale de leur État, la frappe d’une monnaie purement « ambazonienne » pourrait marquer une nouvelle étape de la crise anglophone.

Cette crise née en novembre 2016, lorsque des Camerounais des zones occidentales d’expression anglophone ont commencé à décrier par exemple le déficit infrastructurel et la sous-représentativité dans les institutions.

Les dialogues initiés par Yaoundé, les arrestations de leaders de la sécession, les actions militaires ni le plan humanitaire d’urgence moins encore le désarmement dans les zones en conflit

, lancé récemment par le gouvernement ne suffisent pas jusqu’ici à faire baisser la tension.

Et deux ans après son déclenchement, la crise anglophone a déjà fait plus de 85 morts au sein de la force publique et tué plus de 600 civils. Par ailleurs, selon l’ONU, près de 160 000 personnes ont dû fuir leur logement à la suite des violences. L’agence nigériane de gestion des urgences (SEMA) estime pour sa part à près de 75 000 Camerounais ayant trouvé refuge au Nigeria.

Alors que des centaines de personnes ont fui la région pour s’installer dans d’autres régions du pays ou au Nigeria, les séparatistes armés continuent de se livrer à des affrontements meurtriers avec l’armée.

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