Le Zimbabwe a annoncé jeudi une baisse de 5 % des salaires des hauts fonctionnaires, dont les ministres et le président, et l’inscription biométrique des membres de la fonction publique pour supprimer les travailleurs fantômes, des mesures destinées à réduire les dépenses d’un Etat aux abois.
Au Zimbabwe, une baisse de 5 % des salaires du président et des ministres annoncée
Les salaires des fonctionnaires absorbent jusqu‘à 90 % des revenus du Zimbabwe, plongé dans une crise économique et financière depuis deux décennies.
A l’occasion de la présentation jeudi du premier budget du président Emmerson Mnangagwa depuis son élection en juillet, le ministre des Finances Mthuli Ncube a annoncé qu‘à compter de janvier 2019, le gouvernement allait réduire les salaires de tous les hauts fonctionnaires, “des directeurs, aux secrétaires permanents, jusqu’aux secrétaires d’Etat, aux ministres et à la présidence”.
Le budget 2019 de 6,6 milliards de dollars et intitulé “l’austérité nous conduira à la prospérité” alloue par ailleurs 53 millions de dollars de compensations aux fermiers blancs expulsés de leur terre dans le cadre de la réforme agraire controversée de l’ex-président Robert Mugabe.
Des milliers de fermiers blancs avaient été expulsés manu militari de leurs terres au début des années 2000 au profit de fermiers noirs, sur ordre du gouvernement Mugabe alors au pouvoir.
Cette initiative avait pour objectif affiché de corriger les inégalités héritées de la colonisation britannique.
Mais mal organisé, ce remembrement s’est fait au profit de proches du régime et de fermiers sans équipement ni formation, provoquant un effondrement brutal de la production. Cette réforme a plongé toute l‘économie du pays dans une crise catastrophique dont il ne s’est toujours pas remis.
Emmerson Mnangagwa a succédé en novembre 2017 à Robert Mugabe, lâché par son parti, le Zanu-PF, l’armée et la rue après trente-sept ans d’un règne autoritaire.
Il a promis de relancer l‘économie aux abois. Mais en octobre, l’inflation mensuelle a atteint 20 % et le pays a renoué récemment avec les pénuries de produits de base, comme le sucre, le pain, l’huile, l’essence et les médicaments.
Mthuli Ncube a tablé jeudi sur une croissance de 4 % cette année et de 3,1 % l’an prochain.
En juillet, Emmerson Mnangagwa a été légitimé par les urnes mais l’opposition affirme que les élections ont été entachées de fraudes.
Jeudi, les parlementaires de l’opposition ont refusé de se lever à l’arrivée du chef de l’Etat dans l’hémicycle.
Le président du parlement a demandé leur expulsion, provoquant des scènes de chaos entre les policiers et les parlementaires qui en sont venus aux mains.
AFP