En Somalie, la folle course de l'argent mobile

L‘économie mobile, une alternative à l’absence d’un système bancaire fiable en Somalie. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, le pays de l’Afrique de l’Est a l’un des marchés monétaires mobiles des plus actifs au monde.

En Somalie, pays de 14 millions d’habitants, l’argent liquide est en train d‘être réduit à sa plus simple expression. En environ dix ans, le pays s’est orienté vers les transferts d’argent mobile. Chaque mois, ce sont quelque 155 millions de transactions correspondant à 2,7 milliards de dollars qui y sont effectuées. Un volume supérieur à celui enregistré au Kenya – pays reconnu pour son dynamisme en la matière – qui est de 137 millions de transactions pour 3,17 milliards de dollars en juin.

Un boom qui s’explique par plusieurs raisons contenues dans un récent rapport de la Banque mondiale. Aujourd’hui, en Somalie, environ neuf personnes sur dix, âgées de plus de 16 ans, possèdent un téléphone portable. À fort taux de pénétration, il faut ajouter le style de vie des populations somaliennes au sein de laquelle plus de 60 % sont nomades ou semi-nomades. Constamment en déplacement, ces populations ont fait des transferts d’argent mobiles une solution pour s’occuper de leurs proches éloignés.

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Perspectives intéressantes

Il y a en outre le taux de prévalence élevé de la contrefaçon monétaire lié à l’absence d’une réglementation bancaire efficiente ; mais aussi la faible inclusion bancaire, qui ont encouragé l’alternative mobile. 73 % des Somaliens âgés de plus de 16 ans utilisent à présent ces services pour l‘épargne, les paiements de salaire et autres services, ou encore dans l’humanitaire.

Toutefois, en l’absence d’une réglementation claire et efficace, le système d’argent mobile présente des risques considérables, souligne le rapport. Dans un pays en proie à l’extrémisme islamiste, les spécialistes craignent que l’argent mobile ne soit vulnérable au blanchiment des capitaux et au financement du “terrorisme” et ce, d’autant que toutes les transactions dans le pays se font en dollars américains.

Aussi, le secteur reste entièrement hors contrôle de l’Etat qui n’impose aucune taxe. Conséquence, les bénéfices de cette expansion ne profite pas à Mogadiscio, pourtant en quête de financements pour relancer une économie moribonde.

Quoique, l’argent mobile en Somalie laisse présager d’intéressantes perspectives. En témoigne la naissance de deux conglomérats composés d’acteurs du secteur bancaire, de la téléphonie mobile et des transferts d’argent internationaux, qui offrent aux clients des services gratuits. Plus précisément, des transferts d’argent sans taxe ni frais de transaction.

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