Du fait de l’insécurité, les activités scolaires sont souvent perturbées ou paralysées dans certains quartiers de Beni à l’est de la RDC. Et en dépit des cris de détresse des enfants, les lignes ne semblent pas bouger.
RDC : des élèves de Beni privés d'éducation par l'insécurité
Dans plusieurs pays francophones, les élèves ont déjà renoué avec l‘école dans le cadre de l’année scolaire 2018-2019. À Beni par contre, certains élèves n’ont pas encore mis pied à l‘école. C’est le cas dans des quartiers tels que Paida, Bel Air, Kasinga et Boikene dans la commune de Rwenzori à l’est de la ville.
Une commune qui est souvent le théâtre d’affrontements entre les forces armées de RDC (FARDC) et des membres présumés du groupe islamiste ougandais Forces démocratiques alliées (ADF). Non sans faire des victimes parmi les civils.
Selon Human Rights Watch (HRW), cette ville du Nord-Kivu à l’est de la RDC a déjà perdu plus de 1000 de ses habitants ces quatre dernières années du fait d’attaques souvent attribuées à des ADF. La dernière tuerie en date est celle qui a fait ce 8 octobre près de cinq morts.
Le 22 septembre dernier, 17 victimes personnes avaient trouvé la mort dans un assaut imputé aux ADF. Deux jours plus tard, près de 16 personnes (pour la plupart des enfants) ont été kidnappées et manquent jusqu’ici à l’appel. Depuis le début de cette année, plus de 100 attaques ont été perpétrées tuant ainsi plus de 235 civils.
Gaz lacrymogènes à la place de réponses « rassurantes » du maire
Mais, au-delà des morts, c’est l’avenir des enfants qui semble mis à rude épreuve. Une situation « intenable » à laquelle les élèves de Beni veulent réagir. Ainsi qu’en témoignent des manifestations qui ont eu lieu ce 9 octobre à Beni pour dénoncer « l’incapacité » des autorités et de la MONUSCO à mettre les assaillants hors d‘état de nuire.
« Nous sommes venus voir monsieur le maire pour qu’il nous dise un dernier mot sur les massacres des civils à Beni. Il y a d’autres écoles comme Paida, Emmaüs où les enfants ne sont pas en train de suivre les cours pourtant nous ici à l’institut Munyabelu, Basayi et de Beni au centre-ville nous sommes en train d‘étudier. Cela ne me plaît pas. Notre message au maire est que nous voulons la paix en ville de Beni », a expliqué un manifestant cité par un site local.
Sorti pour les calmer, le maire Masumbuko Nyonyi n’a pas pu « rassurer » ces jeunes manifestants visiblement en furie. Ils ont ainsi continuer à manifester.
Et comme lors des manifestations des organisations de la société civile dont la Lutte pour le changement (LUCHA), ces jeunes manifestants ont été dispersés au moyen de gaz lacrymogènes.
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« Les enfants sont arrivés jusqu’à la mairie de Beni. La Police a tenté de disperser la foule sans succès et a finalement utilisé le gaz lacrymogène. Cela ne nous a pas plu en tant que structure de défense et de promotion des droits des enfants. Finalement, le maire était sorti pour tenter de calmer les élèves », explique Benjamin Asimoni, président du Parlement des enfants à Beni.
Des observateurs font état de trois arrestations et d’un nombre important d‘élèves blessés « légèrement ».
La déclaration universelle des droits de l’enfant du 20 novembre 1959 définit l‘éducation en son principe 7 comme un des droits fondamentaux de l’enfant.
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