« Hors-la-loi », « Insolence », ... Le camp du président Biya n’a pas ménagé les concepts pour répondre à Maurice Kamto qui venait de se déclarer vainqueur de la présidentielle du 7 octobre. Des répliques au relent de menace.
Cameroun - Présidentielle : ce qui pourrait arriver à Kamto pour avoir revendiqué la victoire
« J’ai reçu mission de tirer le penalty, je l’ai tiré et je l’ai marqué. J’ai reçu du peuple un mandat clair que j’entends défendre jusqu’au bout », ainsi, parlait cet après-midi Maurice Kamto lors d’une conférence de presse.
C’est donc clair. Le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) est convaincu de sa victoire à cette présidentielle. Un jour avant le vote, le candidat Kamto a reçu le soutien d’un autre candidat de poids, Akere Muna, qui s‘était retiré de la course en sa faveur.
Et l’avocat et ancien ministre délégué à la Justice a même promis d’assurer la protection du chef de l’État, une fois à la magistrature.
Cameroun : le candidat Maurice Kamto promet d'assurer la “protection” du chef de l’Etat Paul Biya https://t.co/G51D0KZssC #Etoudi2018 #237Vote pic.twitter.com/v9j2wArDn3— Africanews Français (@africanewsfr) 8 octobre 2018
Mais, à peine des organes de presse venaient-ils de commencer la diffusion de l’annonce, que le camp du président Biya s’est livré à une réplique fort cinglante. Grégoire Owona, ministre du travail et secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), par exemple, reproche à Kamto d’avoir invité « insolemment le président Paul Biya à organiser la passation du pouvoir ! ».
Pour le ministre de la Communication, Maurice Kamto est un hors-la-loi. « M. Kamto est manifestement un hors-la-loi », a déclaré Issa Tchiroma Bakary. Et d’ajouter : « Quiconque se met en travers (des institutions nationales) rencontrera naturellement la rigueur de la loi, parce que la force appartient à la loi ».
On ne peut pas vouloir gouverner le Cameroun et se garder d'en respecter les lois et règlements. Nous appelons le peuple camerounais, dont nous sommes tous convaincus de la grande maturité, à attendre sereinement la proclamation des résultats par le Conseil Constitutionnel.— Issa Tchiroma Bakary (@ITBakary) 8 octobre 2018
Le Conseil constitutionnel seul habilité à proclamer les résultats
Une manière sans doute de rappeler le précepte émis vendredi dernier par Paul Atanga-Nji, ministre de l’Administration territoriale (intérieur), lequel avait affirmé que « toute forme de remise en cause du verdict des urnes en dehors des voies légales ne serait pas tolérée ».
Au Cameroun, seul le Conseil constitutionnel, composé de proches du président Biya, est habilité à proclamer des résultats, au plus tard deux semaines après le scrutin.
Dès lors, le régime de Paul Biya s’arrêtera-t-il à cette simple réplique médiatique ? Ira-t-il plus loin ? Et comment réagira le camp de Kamto en cas de mesures comme l’arrestation ? Et les conséquences sur l’unité nationale déjà fortement « entamée », selon des observateurs par la crise anglophone ?
Difficile de répondre avec exactitude. Toutefois, on n’est pas trop loin des scénarii à la gabonaise quand le pays d’Omar Bongo a connu une vague de violences et d’arrestations en août 2016 après que le principal candidat de l’opposition se fut déclaré vainqueur de la présidentielle remportée par Ali Bongo Ondimba.
>>> LIRE AUSSI : Cameroun : le candidat Maurice Kamto se déclare vainqueur de la présidentielle
>>> LIRE AUSSI : Présidentielle au Cameroun : l’opposition veut protéger ses votes, le gouvernement menace
>>> LIRE AUSSI : Présidentielle au Cameroun : le tapis rouge déroulé pour le vote de Paul Biya