Présidentielle au Cameroun : le contexte sécuritaire en 8 notions

Plus que quelques semaines avant la présidentielle au Cameroun prévue le 7 octobre. De l’avis de certains observateurs, elle est la présidentielle de tous les dangers. Africanews dresse en quelques notions le contexte sécuritaire qui entoure ce scrutin.

Crise politique : une partie des Camerounais se rendra aux urnes le 7 octobre avec incertitude. Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont en effet secouées par un conflit qui dure depuis maintenant deux ans. Au départ, des revendications sociales portées par les enseignants et avocats des deux régions pour la fin de la « francisation » de l’administration anglophone. Cette crise socio-politique a depuis changé d’itinéraire.

Ambazonie : au nombre des revendications, se sont désormais ajoutées des exigences de sécession d’avec le Cameroun francophone que réclament les séparatistes de l’Ambazonia force. Ils réclament la création d’un Etat indépendant qu’ils dénomment l’Ambazonia Defence Forces. C’est d’ailleurs au cours de la célébration de « l’indépendance » de cet Etat, le 1er octobre 2017 dans la foulée de la fête de la réunification du Cameroun que les premières rixes ont éclaté entre les forces de défense et de sécurité, et les sécessionnistes.

Mouvements de protestation : les manifestations se sont multipliées pendant des semaines jusqu‘à aboutir à une guérilla armée. Le gouvernement fait état d’environ 84 morts dans ses rangs, les ONG, elles, évoquent des centaines de civils tués. Quant aux victimes dans le camp des sécessionnistes, on n’en sait pas grand chose. La crise se perpétue avec des attaques de plus en plus ciblées contre les civils.

Extrémisme : mais il n’y a pas que la crise anglophone. Non loin des régions anglophones, sévit une autre crise, de plus en plus muette. Celle contre la secte islamiste Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord. En dépit d’un rapport de l’ONG International Crisis Group qui annonçait une baisse d’activité, la nébuleuse extrémiste reste une menace à la paix et à la stabilité dans la région.

Respect des droits de l’homme : les ONG de défense des droits de l’homme s’accordent à le dire, les autorités camerounaises sont certes acculées par la pression des séparatistes et de la secte islamiste, mais elles doivent veiller au respect scrupuleux des droits fondamentaux de leurs citoyens. Pourtant l’armée camerounaise est couramment accusée de commettre des accusations contre des personnes soupçonnées d’appartenir au groupe Boko Haram et aux sécessionnistes anglophones. Pour Yaoundé, cependant, il s’agit d’un acharnement alors que ces groupes illégaux commettent régulièrement des exactions pour autant être la cible de rapports incendiaires.

Ostracisation : en contrechamp de ces problèmes sécuritaires, se pose cependant une question. Qu’adviendra-t-il des populations restées dans les zones anglophones et celles de la région de l’Extrême-Nord ? Jusque-là, Yaoundé n’a toujours pas donné le mode d’emploi du scrutin dans ces zones. Mais beaucoup craignent que ces populations soient mises à l‘écart d’une élection décisive, risquant de mettre en péril l’inclusivité tant requise pour un scrutin réussi.

Unification : au sortir de ce scrutin, c’est bien d’une unification vraie que rêve le peuple camerounais dans son ensemble. Mais pour cela, il va falloir trouver une solution à la crise anglophone. Pour l’heure, en tout cas, Yaoundé se refuse de discuter avec ceux qu’elle qualifie de “terroristes”.

Nation : les autorités camerounaises finiront-elles par céder aux requêtes des sécessionnistes ou garderont-elles la nation “une et indivisible”. C’est tout cas le voeu de Yaoundé, mais à quel prix et par quels moyens ? C’est aussi l’un des principaux enjeux des résultats de la présidentielle à venir.
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