Une vingtaine de civils touareg ont été tués en fin de semaine par des assaillants armés dans le nord-est du Mali, près de la frontière nigérienne, a appris lundi l’AFP de sources concordantes.
Mali : une vingtaine de civils touareg tués près de la frontière nigérienne
Un groupe armé principalement touareg combattant les jihadistes dans cette région, le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA, issu de l’ex-rébellion) avait fait état dans un communiqué d’un “bilan provisoire” de “sept civils tués dont un vieillard” dans une attaque samedi contre la localité d’Amalaoulaou.
“Vendredi et samedi, au moins 25 civils touareg ont été tués à Amalaoulaou par des hommes armés. Cinq autres civils ont été blessés”, a déclaré à l’AFP un élu malien qui a rallié après les faits, le territoire nigérien.
Les assaillants, à moto “ont tiré sur tous les habitants sans discernement, le visage caché derrière des turbans”, a ajouté cet élu sous le couvert de l’anonymat. Selon une source de sécurité malienne, “les assaillants qui ont tué au moins 25 civils, avaient un véritable plan d’attaque”.
Un autre élu local a précisé que les tués appartenaient “quasiment tous à la même tribu touareg” et ont été enterrés par leurs parents.
“Les jihadistes sont accusés d‘être les responsables de ce crime”, a ajouté cet élu, tout en estimant que l’hypothèse d’un règlement de comptes entre différentes communauté touareg, n‘était pas “à exclure”.
Les massacres se multiplient
Lors d’une précédente tuerie le 25 septembre dans des circonstances similaires à 45 km à l’ouest de Menaka, principale ville de la région, le ministère malien de la Sécurité avait fourni un bilan de 27 morts, évoquant des affrontements “entre des membres de la communauté idourfane” (touareg).
Quelque 200 personnes, dont de nombreux civils, appartenant surtout aux communautés peul et touareg, ont péri depuis le début de l’année dans cette région où s’affrontent notamment des jihadistes ayant prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI) et deux groupes soutenant la force française Barkhane et l’armée malienne, le MSA et le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-Bamako).
Dans un communiqué signé de son chef, le général El Hadj Ag Gamou, et daté du 27 septembre, le Gatia s’inquiète de “la croissance inexorable du nombre des massacres de masse et des assassinats ciblés non justifiés et non revendiqués”.
Face aux “insuffisances des forces publiques nationales et internationales”, il appelle l’ensemble des groupes armés, pro-gouvernementaux ou de l’ex-rébellion, à “une action commune de protection des populations et de leurs biens”.
Dans un rapport remis au Conseil de sécurité de l’ONU en août, un groupe d’experts souligne que les conflits entre communautés de la région, pour les postes de pouvoir, le contrôle d’axes commerciaux ou de contrebande, les pâturages et l’accès aux puits, exacerbent les tensions dues aux affrontements entre jihadistes et forces internationales et maliennes.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.
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AFP