La Commission électorale nationale indépendante (CENI) de RDC a déclaré ce mardi 28 août n’avoir pas été informée de ce que Frédéric Batumike a été condamné pour crimes contre l’humanité, viol sur mineures par la justice congolaise. Mais, l’affaire fait déjà mouche au sein de la société civile.
Élections en RDC : la validation de la candidature d'un condamné continue de faire débat
L’article 10 de la loi électorale de RDC stipule que nul ne peut être éligible s’il a été condamné par la justice pour crimes de guerre, crime de génocide et crimes contre l’humanité. Il concerne aussi que les personnes condamnées par un jugement irrévocable du chef de viol, d’exploitation illégale des ressources naturelles, de corruption, de détournement des deniers publics, d’assassinat, des tortures, de banqueroute et les faillis.
Or, relève le site Actualite.cd, Frédéric Batumike, membre d’un groupement politique allié du ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende a « été condamné en 2017 avec dix membres de sa milice dénommée + Jeshi la Yesu + ( Armée de Jésus), à la prison à vie pour crime contre l’humanité, viol sur des mineures âgées de 1 à 9 ans et assassinats ».
D’où vient-il que la CENI ait validé sa candidature aux législatives ? C’est en tout cas ce que des membres de la société civile disent ne pas comprendre.
Une décision que la CENI explique par une prétendue méconnaissance du casier judiciaire de Frédéric Batumike. « Pourquoi on affiche les résultats de l’enrôlement ? On affiche pour que ceux qui ont une information préjudiciable puisse l’apporter. Et nous, l’article 29 nous dit que, ceux qui en ont, autorités politico-administratives, les candidats, les témoins, les observateurs, les électeurs, j’ajoute les journalistes doivent dénoncer. Vous n’avez qu‘à prouver que Batumike dans Kabare est condamné pour viol, on évalue (...) quand le ministre de la Justice nous informe, les gens disent qu’il a donné les injonctions, nous saurons comment ? C’est par la dénonciation que la CENI est informée », a déclaré Jean-Pierre Kalamba, rapporteur de la CENI.
Deux poids, deux mesures ?
Quelque convaincants que soient les arguments de la CENI, la validation de la candidature de Batumike pourrait conduire des observateurs à remettre en cause la neutralité de l’institution congolaise en charge de l’organisation des élections. Et même émettre des réserves sur la crédibilité du processus électoral. Surtout lorsqu’on sait que de plus en plus de voix s‘élèvent ces derniers temps pour exiger entre autres le retrait de la machine à voter et la correction du fichier électoral qui contiendrait, selon l’OIF, des électeurs fictifs.
Encore que la même CENI avait invalidé la candidature à la présidentielle de Jean Pierre Bemba à cause de ce même article 10 qui déclare inéligible tout citoyen poursuivi ou condamné pour subornation de témoins.
L’absence de consensus dans la gouvernance électorale risque d’amplifier la crise politique, voire hypothéquer l’organisation des élections prévues le 23 décembre prochain. Lesquelles élections sont censées favoriser la toute première alternance pacifique de l’histoire de la RDC.
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