La parole se libère au sein du clergé catholique romain. L’agence de presse américaine Associated Press a révélé une vague d’abus sexuels qu’auraient subis des sœurs catholiques de la part de prêtres. Lundi, une association de nones américaines a appelé ses consœurs à dénoncer tout abus.
La vague de #MeeToo s'empare du Vatican : des sœurs accusent des prêtres d'abus sexuels
La Conférence sur le leadership des femmes religieuses, la plus grande association de religieuses catholiques aux Etats-Unis qui représente environ 80 % des sœurs dans le pays a exhorté ses membres à dénoncer tout abus sexuel par le clergé ou dans la société civile.
Dans un communiqué publié lundi et rendu public par l’Associated Press, les religieuses exigent par ailleurs aux autorités religieuses, notamment le Vatican, de prendre les mesures idoines afin de mettre un terme “à la culture du silence, et punir les auteurs de ces abus”.
Cette sortie au vitriol de la Conférence est consécutive à un rapport de l’Associated Press dans lequel des sœurs confiaient avoir été abusées durant de longues années par des membres du clergé catholique. Des cas ont du resté été répertoriés au Chili où la semaine dernière, six sœurs ont témoigné à la télévision nationale des abus dont elles auraient été victimes et comment leurs responsables ont laissé faire. En Inde, également, une sœur a déposé une plainte à la police accusant un évêque de viol.
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“Partenaires sûres”
Tous ces cas font un écho retentissant à une documentation relative à l’Afrique depuis les années 90 jusqu‘à aujourd’hui. En 2013, en effet, le prêtre ougandais Anthony Musaala a écrit une lettre à ses supérieurs pour dénoncer des romances entre des ecclésiastiques et des sœurs. Des révélations pour lesquelles le prêtre a été suspendu jusqu‘à ce qu’il s’excuse en mai.
En 1994, la soeur Maura O’Donohue, de regrettée mémoire, a réalisé un rapport préparé durant six ans, dans 23 pays, dans lequel elle avait notamment découvert que 29 sœurs avaient été mises enceintes dans une même congrégation. À l‘époque, les sœurs étaient considérées comme des “partenaires sûres” pour les prêtres qui craignaient d’attraper le virus du VIH Sida en entretenant des rapports avec des prostituées ou d’autres femmes, mentionnait le rapport.
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En attente de sanctions
Le rapport n‘était pas destiné à être rendu public. Mais il a été mis en ligne en 2001 par le National Catholic Reporter, aux Etats-Unis. Et jusqu‘à ce jour, le Vatican n’a toujours pas commenté les mesures prises concernant ces informations.
Si ces dernières années le Saint-Siège a été frappé par des nombreux scandales de pédophilie, les cas d’abus sexuels sur des religieuses sont restés superficiels, à la limite du tabou. Des ONG de défense des droits de la femme estiment pourtant que ces victimes méritent la même protection que les enfants.
Ce week-end, le pape François a accepté la démission du cardinal américain Theodore McCarrick, accusé d’agression sexuelle sur des adolescents et des séminaristes. Il lui a été ordonné de vivre une vie de pénitence et de prière en attendant un procès canonique.