Alors que le parc est encore fermé au public, Inspire Middle East a découvert en avant-première les attractions du Warner Bros World à Abu Dhabi. Nous avons rencontré les développeurs pour comprendre l’investissement faramineux engagé : 1 milliard de dollars.
Les super-héros débarquent à Abu Dhabi
“Construisez-le et les touristes viendront”, voilà la philosophie générale derrière ce projet colossal : un parc de plus de 15 hectares sur l’île Yas. Cela fait maintenant 7 ans qu’une compagnie gouvernementale (Miral Asset Management) travaille sur sa conception, la première pierre a été posée il y a 3 ans.
De cet énorme chantier, ont émergé six univers fantastiques différents dont Gotham City, la ville de Batman, mais aussi Bedrock, décor de la famille Pierrafeu.
La signature Warner Bros
Alors que le parc ouvre ses portes le 25 juillet, les 29 attractions sont d’ores et déjà prêtes pour pimenter la visite des familles. Tout se passe à l’intérieur pour attirer les fans de comics tout au long de l’année, une manière de contourner les températures dépassant souvent les 50 degrés en été…
Des parcs Warner Bros existent déjà en Espagne et en Australie, mais sans commune mesure avec le projet gigantesque des Emirats. Et pour être sûr que Bugs Bunny et le burger au brontosaure de la famille Pierrafeu soient aussi authentiques que possible, la firme américaine a suivi de très près tout le processus.
« Il n’y a rien dans ce parc que Warner Bros n’a pas validé. Ils ont donné leur aval sur chaque table, chaque chaise, chaque morceau de rocher et chaque brique. Ils ont vérifié jusqu’aux interrupteurs, choisi les installations de lumières pour le parc, le son, la musique,… Tout a été passé au peigne fin, ils se sont très impliqués », explique Mark Gsellman, responsable Warner Bros World Abu Dhabi.
Une marque pour attirer encore plus de touristes
Le tourisme est officiellement l’un des douze secteurs prioritaires pour Abu Dhabi. L’île de Yas concentre les ambitions puisqu’elle accueille déjà Ferrari World et le Grand Prix de Formule 1. Avec le nouveau parc Warner Bros, elle pourrait bien rentrer dans le top 10 mondial des destinations de loisirs préférées d’ici 2022.
Pour en savoir plus, allons faire un tour à travers le désert du parc, où nous ne croisons pas Bip Bip et Coyote, mais le directeur général de la compagnie émiratie qui a géré le chantier : Mohammed Al Zaabi.
L’entretien : Mohammed Al Zaabi, Directeur général de Miral Asset Management
Inspire Middle East : En pourcentage ou par nombre de visiteurs, vous espérez combien de visiteurs en plus sur l’île de Yas grâce au parc ?
Lorsque nous ouvrirons Warner Bros World à Abu Dhabi, nous sommes sûrs que ce parc magnifique fera venir du monde. L’année dernière, nous avons reçu plus de 27 millions de visiteurs sur l’île et cette année, nous prévoyons une augmentation de l’affluence entre 5 et 7%.
Certains des parcs et des sites touristiques de la région font face à une situation délicate avec des clients qui ont moins dépensé ces douze derniers mois. Est-ce que le marché est saturé ?
A travers le monde, le parc à thème reste un choix privilégié pour les familles qui veulent passer du temps ensemble et garder des souvenirs inoubliables. Les Emirats proposent des parcs avec des expériences différentes. Abu Dhabi s’est développé très vite en tant que destination touristique, elle offre une culture unique en même temps que du divertissement.
Au-delà des habitants de la région, qui espérez-vous attirer ici ? L’Asie est-elle est une cible ?
Ces cinq dernières années, nous avons accueilli des touristes de pays divers et variés. Bien évidemment, nous ciblons d’abord les résidents des Emirats et des pays du Golfe. Mais nous ciblons aussi l’Inde, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni ou encore l’Allemagne.
Nous savons que le parc à thème fait partie d’une stratégie plus générale pour l’île de Yas à Abu Dhabi. Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui critiquent le fait qu’il n’y ait pas assez de parcs émiratis, de parcs arabes ?
En général, les familles étrangères, quel que soit le pays d’origine, préfèrent visiter des parcs bien connus. Notre ambition pour l’île de Yas, c’est d’en faire l’une des 10 destinations préférées du monde. Pour atteindre cet objectif, on a besoin des grandes marques, des grands parcs pour attirer des visiteurs des quatre coins du monde. Mais nous proposons aussi des parcs émiratis, comme Yas Water World qui s’inspire de l’ancestrale pêche des perles, c’est bien une expérience émiratie.
Est-ce que je peux vous demander si vous êtes vous-même un fan de l’univers Warner Bros, des superhéros et des comics ?
Un tel parc, ça fait ressurgir nos souvenirs d’enfants. Et c’est vrai pour toutes les générations, aussi bien les jeunes que les personnes plus âgées. Tout le monde pourra apprécier le parc. Les visiteurs rencontreront Bugs Bunny, Tom et Jerry, et tous les superhéros…
Et qui est votre chouchou ?
Mon personnage préféré, c’est Superman sans aucun doute !
Focus : l’animation 3D met à l’honneur les femmes émiraties
Salim Essaid nous emmène à la rencontre d’un artiste qui a développé une série d’animation 3D unique en son genre… les stars de cette série : les femmes émiraties !
Il y a d’abord Um Saeed, la sagesse incarnée et grande accro au café, Um Allawi, la geek du groupe, Um Saloom, l’étourdie au grand cœur et enfin Um Khammas, trois fois veuve et rebelle dans l’âme ! Ensemble, elles forment les têtes d’affiche de Freej, comprendre « voisinage » ou « quartier » en arabe émirati. Cette série animée raconte les péripéties de quatre vieilles dames qui affrontent les défis quotidiens du 21ème siècle à Dubaï.
Leurs maris sont tous pêcheurs de perles, un métier ancestral aux Émirats qui emmène les hommes loin de leurs foyers durant de longs mois. Les quatre héroïnes parlent toutes avec des accents régionaux typiques et portent le maque bédouin traditionnel en cuir. Autre détail : les bouts de leurs doigts sont teintés de henné.
Pour le créateur de Freej, Mohammed Harib, les héroïnes historiques de la culture émiratie, sont bel et bien les femmes :
« On parle rarement du rôle crucial des grands-mères, elles qui élevaient les enfants, qui travaillaient en même temps pour nourrir la famille, alors que les hommes partaient en mer jusqu’à 7 mois d’affilée. C’est grâce à elle que les familles et toute la société restaient soudées. Elles ont du cran et je trouve leur histoire fascinante. »
Mohammed décrit ces femmes comme « la fabrique de l’ombre des Emirats ». Elles sont pour lui des légendes qu’il tenait à faire vivre dans Freej.
« La culture est redevenue cool, ça touche vraiment le cœur des gens parce que c’est à la fois spirituel et amusant, je pense que le public avait besoin de ce genre de contenu », souligne-t-il.
Dans les années 80 et 90, la plupart des enfants arabes n’avaient accès qu’à des dessins animés américains et japonais.
Il y a eu par exemple Olive et Tom, série connue aux Emirats sous le nom de Captain Majid, ou encore Conan, le fils du futur, les héros Conan et Lana devenant Adnan et Lina en terres arabes. Désormais, il faut aussi compter sur les séries animées locales, telle que Freej.
Mohammed travaille également sur sa nouvelle série baptisée Waw et ses amis. Encore une héroïne féminine puisque Waw, diminutif de « Wadeema », est la star du futur feuilleton, une pré-ado férue de nouvelles technologies. Les compagnons imaginaires de Wadeema prennent vie grâce à la 3D et transportent la petite-fille dans des aventures fantastiques.
« C’est vraiment une affaire totalement différente cette fois-ci. C’est très dur parce que c’est la première fois dans la région que nous incluons un personnage bien réel, des décors bien réels, avec des personnages virtuels. L’héroïne doit jouer face au vide et c’est notre rôle, en tant que réalisateurs, de faire naître l’émotion, de rendre le personnage crédible et attachant. La magie se trouve dans cette interaction », explique le jeune Émirati.
Tous les personnages contribuent à cette magie animée : il y a Sneezy, sorte d’ours qui change de taille lorsque Waw éternue… Il y a aussi Zappy, le lézard électrique et Wize-y, qui peut remonter le temps pour réparer ce qui a été cassé.
Contrairement à Freej, Waw est dans l’air du temps, avec un personnage principal qui est une vraie artiste en herbe, déjà active sur les réseaux sociaux et qui se passionne pour les dernières appli créatives, à l’image de la plupart des adolescentes émiraties qui sont la cible de la série.
« Elle crée beaucoup de choses avec ses mains, elle chante aussi et il y a justement une application de karaoké qui va sortir. C’est très intéressant pour nous de voir au-delà de la série, car il y a le côté artistique bien sûr, mais on doit aussi imaginer un produit rentable et commercial. »
Alors restez connectés pour suivre les futures aventures de Waw dans les mois à venir…