Le Kenya s’endette, encore plus avec la Chine, suscitant une nouvelle fois des craintes non seulement sur ses capacités de remboursement mais aussi sur une dépendance latente vis-à-vis de la Chine.
Le Kenya sous le poids des créances chinoises
Le Kenya, locomotive économique de l’Afrique de l’Est est sur la bonne lancée. Sa croissance est toujours aussi galopante et les projets d’infrastructures se concrétisent. Mais face à cette économie dynamique et pleine de promesses, se dresse en contrechamp un endettement inquiétant, notamment auprès du plus grand investisseur en Afrique : la Chine.
Récemment, l’endettement public du Kenya a dépassé la barre des 5 trillions de shillings (50 milliards de dollars), renouvelant les interrogations sur la capacité d’emprunt du gouvernement. En sus de ces données, des informations révélées par le journal kényan Business Daily illustrent bien la dépendance du Kenya vis-à-vis de la Chine qui est de loin le principal créancier du pays d’Afrique de l’Est, avec 72 % de la dette bilatérale fin mars.
Cela représente une augmentation de 15 points de la dette totale par rapport à 2016 où les créances chinoises représentaient 57 % de la dette extérieure du Kenya. Scruté de près ou de loin pour ses relations économiques avec Pékin, Nairobi a défendu la vague d’emprunts par sa volonté d’améliorer les investissements dans les infrastructures, d‘élargir les options énergétiques et la distribution, et d’améliorer les systèmes de transport.
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Inquiétude des institutions financières internationales
Et le Kenya n’entend pas s’arrêter là. Bien au contraire, le pays compte davantage enjoliver ses relations avec l’Empire du milieu. Le Kenya était par exemple l’un des 14 Etats africains qui se sont récemment rencontrés à Harare, la capitale zimbabwéenne, pour discuter de la possibilité de détenir le yuan dans leurs réserves de changes, soulignant – si besoin en était encore – la puissance croissante de la Chine dans la finance mondiale.
Toutefois, la multiplication des prêts de la Chine n’est pas de nature à rassurer les institutions financières. Ces dernières craignent que Nairobi, tout comme plusieurs capitales africaines, ne finissent par être sous perfusion financière de Pékin, impliquant, en creux, un cycle infernal de la dette pour les nations africaines.
D’ailleurs, le Kenya paie déjà le prix de cette méfiance. En février, l’agence de notation mondiale Moody’s a dégradé la notation du Kenya en raison notamment de la hausse des niveaux d’endettement. Le Fonds monétaire international a également empêché le Kenya d’accéder à une facilité de crédit de 1,5 milliard de dollars en raison du non-respect des objectifs budgétaires. L’institution de Bretton Woods a pour ainsi dire exhorté le Kenya à réduire ses déficits et à placer la dette du pays sur une “voie durable”.
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Devenue l’un des partenaires commerciaux les plus proéminents de l’Afrique, la Chine est très souvent critiquée pour sa trop grande flexibilité dans l’accord de prêts. En tournée en Afrique, début mars, l’ancien secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson avait du reste plaidé auprès des Etats africains la réduction de l’influence chinoise.