Les bombardements de Bouaké en 2004, l’un des moments forts de la crise militaro-politique en Côte d’Ivoire, ressuscite en France. Quatorze années après les faits, Paris pourrait ouvrir un procès comme le révèle le site d’investigation Mediapart repris par Le Monde.
Côte d'Ivoire – Bombardement de Bouaké en 2004 : la France veut ouvrir un procès
L’initiative est du parquet de Paris qui requiert un procès devant la Cour d’assises dans lequel devraient comparaître trois pilotes cités dans cette affaire. Il s’agit des lieutenants de l’armée ivoirienne, Patrice Ouei et Ange Gnanduillet et du mercenaire Yury Sushkin.
Ils sont notamment accusés d’assassinats, tentatives d’assassinat et destruction des biens d’autrui aggravée par deux circonstances (en réunion et au préjudice d’une personne dépositaire de l’autorité publique), précise Mediapart qui révèle que le procès pourrait s’ouvrir dans quelques semaines après la signature d’une ordonnance par la juge d’instruction Sabine Kheris en charge du dossier depuis 2012.
Des ombres demeurent
Ce serait alors un mouvement important dans cette affaire qui a été jalonnée de nombreuses contradictions tant en Côte d’Ivoire qu’au sommet de l’Etat français, empoisonnant ainsi les relations entre l’ancien régime ivoirien dirigé par Laurent Gbagbo et la France.
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Pour rappel, en 2004, au plus fort de la crise militaro-politique en Côte d’Ivoire, deux Sukhoï, des chasseurs de l’aviation ivoirienne, ont délivré une pluie de canons sur un camp des forces françaises de l’opération française Licorne, alors installé dans l’ancien Lycée français de Bouaké, deuxième ville ivoirienne et épicentre de la rébellion née en 2002. Bilan, neuf morts et 33 blessés auquel s’ajoute la mort d’un humanitaire américain.
Sur le commanditaire de cette attaque, de nombreuses interrogations demeurent, d’autant que l’Etat français n’a pas favorisé l‘éclatement de la vérité comme le regrette le vice-procureur du Tribunal de grande instance (TGI) de Paris repris par Mediapart. La justice française a par exemple mis en lumière le fait que le gouvernement français d’alors a laissé filer des pilotes biélorusses pourtant impliqués dans le bombardement.
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