Le Nigeria, de nouveau sous la coupe d’une menace sécuritaire. Cette fois, il n’est point question de Boko Haram, mais de conflits inter-communautaires éclatés dans la ceinture centrale du Nigeria et qui risquent d’avoir de gros dommages sur l‘économie du pays.
Au Nigeria, les conflits intercommunautaires menacent l'agro-économie
Depuis 2014, le Nigeria, première économie du continent subit, comme ses pairs producteurs de pétrole, la chute des cours de l’or noir. Pour y remédier, le géant démographique a opté pour une diversification qui passe aussi par une agriculture à grande échelle afin de stimuler les exportations et donc, les ressources en devises. Sur papier, c’est le plan idéal, d’autant que le Nigeria est doté d’importantes terres fertiles et autres atouts majeurs pour développer son secteur agricole.
Mais c‘était sans compter avec l’escalade des violences dans la ceinture centrale du Nigeria, panier alimentaire du pays. Samedi 23 juin, 200 personnes ont été tuées dans des attaques perpétrées sur une douzaine de villages de l’Etat du Plateau. Des violences dont est devenu coutumier le pays, qui a déjà enregistré 1 000 morts depuis janvier dans ce conflit, selon Human Rights Watch.
>>> LIRE AUSSI : Nigeria : Buhari sous pression après plus de 200 morts dans des violences intercommunautaires
Un conflit aux origines ethniques
D’origine ethnique et religieuse selon les observateurs, les massacres dans la ceinture centrale du Nigeria opposent les communautés agricoles dites indigènes, majoritairement chrétiennes aux nomades peuls musulmans décrits par les premières comme des “envahisseurs” venus accaparer les ressources.
Aujourd’hui, les analystes et la communauté s’alarment. Le conflit pastoral au Nigeria est devenu l’une des plus grandes menaces sécuritaires pour le Nigeria.
En plus des pertes tragiques en vies humaines, le conflit fait aussi peser une réelle menace sur la productivité agricole du pays avec une plus large implication sur l‘économie alimentaire alors que le chômage des jeunes atteint des niveaux records.
>>> LIRE AUSSI : Vols de bétail dans le nord du Nigeria: 45 morts dans des violences
Risques de désengagement
À titre d’exemple, le Nigeria a récemment eu du mal à répondre à la demande chinoise en soja de 2 millions de tonnes. La Chine voulait, en effet, supplanter la flambée des prix américains, mais Lagos n’a pas pu assurer l’approvisionnement.
En outre, cette semaine, la start-up d’agribusiness Farmcrowdy qui finance nombre d’agriculteurs nigérians a affirmé avoir perdu plusieurs de ses partenaires dans l’attaque. Elle menace à présent de quitter les zones affectées par les violences si la sécurité n’y est pas restaurée.
Au-delà des profits, de telles éventualités menacent également l’autosuffisance et la sécurité alimentaire au Nigeria, déjà frappé par une crise humanitaire dans la région du nord-est du fait de la secte Boko Haram.
À moins d’un an de la prochaine présidentielle au Nigeria, le président Muhammadu Buhari est très critiqué notamment par ses adversaires politiques qui lui reprochent de faire l’impasse sur cette crise.
>>> LIRE AUSSI : Nigeria : Buhari répond à ses détracteurs
>>> LIRE AUSSI : Musique : This is Nigeria ou autopsie d’un Nigeria en mal de valeurs