Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta déclare que les autorités sont prêtes à “assumer” les conséquences d’une enquête ouverte après la découverte de fosses communes dans le centre du pays.
Fosses communes au Mali : le gouvernement reconnaît l'implication des militaires
Les corps de 25 personnes ont été retrouvés ces derniers jours dans la région de Mopti au centre du pays, une semaine après une série d’arrestations par l’armée malienne. Bamako se dit prêt à assumer les conséquences.
“Il y a quelques heures, nous avons été alertés et Mr le ministre de la Défense a dépêché immédiatement une mission sur le terrain. Les résultats de cette enquête seront examinés avec toutes les conséquences que nous assumerons.” S’est exprimé Ibrahim Boubacar Keita, président malien.
Une mission de vérification dépêchée sur le terrain par Tiéna Coulibaly, ministre de la Défense confirme l’existence de fosses communes impliquant certains personnels Fama, (Forces armées maliennes).
Une confirmation qui a poussé “le ministre à instruire au procureur militaire d’ouvrir une enquête judiciaire. Il réitère sa détermination et sa ferme volonté de lutter contre l’impunité et engage les Fama au strict respect des conventions des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans la conduite des opérations”, a indiqué le ministre dans un communiqué.
Ces derniers mois, les annonces par l’armée de la “neutralisation de terroristes” dans le centre du pays ont souvent été contestées par les organisations de défense des droits de l’homme et par des habitants, qui dénoncent des exécutions extrajudiciaires.
L’association de défense des droits des populations pastorales Kisal avait affirmé lundi que, la semaine dernière, “lors d’une opération de l’armée malienne dans les localités de Kobaka et Nantaka, 25 personnes issues de la communauté peule avaient été arrêtées”.
Reçue par le président Ibrahim Boubacar Keita, Mariam Diallo Dramé, porte-parole d’une plateforme d’organisations de défense des droits humains a également évoqué les cas de violences intercommunautaires comme les crimes sexuels et les violences faites aux femmes.
“Et nous avons des centaines de cas qui sont devant les juridictions et il y a eu aucune justice rendue de 2012 à nos jours donc c’est là le plus gros message que nous avions pour le chef de l’Etat.” A-t-elle expliqué.
Dans son dernier rapport trimestriel portant sur l‘état des lieux le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a souligné que l’armée malienne fait partie des principales victimes et est la plus touchée par les attaques jihadistes, en particulier dans la région de Mopti. La sécurité des civils continue à se dégrader dans cette région, avec notamment une “augmentation des conflits intercommunautaires”, conclut-il dans son rapport.