Un nouveau “Boko Haram” prend-t-il corps au Mozambique ? Beaucoup d’indices portent à le faire croire. Mais à ce jour, la revendication du combat musulman semble être un prétexte qui couvent des intérêts économiques et ethniques.
Le Mozambique sous la menace du djihad
Au moins une dizaine de personnes décapitées, des maisons et des véhicules incendiés la semaine dernière dans la province de Cabo Delgado (nord), devenue le théâtre d’une insurrection armée. Depuis le mois de mai, une trentaine d’assassinats ont été perpétrés dans cette province appelée à devenir un complexe énergétique après la découverte d’importants gisements de gaz liquéfié.
Selon les autorités, ce climat de terreur est à mettre au compte d’extrémistes musulmans connus localement sous le nom d’“al shabab” – “les jeunes” en langue arabe -, mais qui n’ont pas de lien connu avec les djihadistes somaliens portant le même nom. À Maputo, on parle d’une insurrection djihadiste qui vise les institutions de l’Etat.
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Mais les informations restent évasives sur ce groupe qui fait craindre d’une insurrection djihadiste en Afrique australe. En effet, à ce jour, le groupe reste un mystère parce qu’il n’a pas fourni publiquement un aperçu clair de ses motivations ou de ses affiliations, ce qui rend difficile l’analyse de ses objectifs.
Si au départ les attaques ciblaient les forces de sécurité, elles se sont violemment rabattues sur les populations civiles, faisant dire à certains analystes qu’il pourrait s’agir d’un conflit ethnique – des Mwanis, qui se sentent marginalisés, contre les Makondes.
Menaces sur l‘économie
Beaucoup de militants se seraient radicalisés du fait de la pauvreté et du chômage, et certains se seraient rendus dans des pays de la région, notamment au Kenya, en Tanzanie, et en Somalie, pour une formation religieuse ou militaire, selon une étude publiée le mois dernier à Maputo. Au nombre de 1 000, ces militants tireraient des subsides d’activités criminelles comme le trafic d’ivoire, de drogue, de bois, ou encore de pierres précieuses.
De l’avis d’analystes, Maputo ne peut résoudre le problème avec la seule répression sécuritaire. Le gouvernement devrait plutôt s’attaquer aux causes sociales profondes de l’agitation sanglante avant qu’une “boîte de Pandore” ne s’installe, a déclaré à l’Associated Press Liazzat Bonate, un universitaire qui a étudié l’islam au Mozambique.
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Il y va même de la stabilité économique et politique du Mozambique qui prépare des élections pour l’année prochaine, et qui, selon des experts, pourrait même devenir le troisième plus gros exportateur mondial de gaz naturel liquéfié.