Comores : l'opposition manifeste contre le référendum du président Azali

L’opposition comorienne a exigé samedi du président Azali Assoumani le “rétablissement des institutions démocratiques”, au lendemain d’une série de manifestations dans plusieurs villes du pays contre le référendum constitutionnel annoncé fin juillet.

Élu en 2016, le colonel Azali a multiplié ces derniers mois les initiatives politiques controversées.

Il a suspendu la Cour constitutionnelle, assigné à résidence l’un des chefs de l’opposition, son prédécesseur Ahmed Abdallah Sambi, et organisé le 29 juillet un référendum qui lui permettrait de briguer un deuxième mandat consécutif à la tête de l’archipel pauvre de l’océan Indien.

Ces décisions suscitent l’hostilité de plus en plus ouverte des adversaires du chef de l‘état, dont l’ex-président Sambi qui a été assigné à résidence après avoir appelé à des manifestations anti-référendum.

Vendredi, pour la troisième semaine consécutive, de violents affrontements ont opposé pendant près d’une heure les forces de l’ordre à des manifestants qui criaient “Azali dehors !”, à la fin de la grande prière organisée à la mosquée Al-Qasimi à Moroni.

Deux personnes, dont le secrétaire général du parti de l’ex-président Sambi, Ahmed el-Barwane, ont été interpellées.

De nombreux rassemblements

D’autres rassemblements hostiles au chef de l‘État ont été signalés dans cinq autres localités de l‘île de Grande-Comore, notamment à Mbéni dont est originaire Mohamed Ali Soilih, le rival du président Azali lors de la présidentielle de 2016.

À Mutsamudu, la capitale de l‘île d’Anjouan, les forces de l’ordre ont dispersé des groupes de jeunes qui exigeaient la “libération” de l’ex-président Sambi.

“Nous demandons le rétablissement des institutions démocratiques, et notamment la Cour constitutionnelle, avant toute idée de référendum”, a lancé samedi devant la presse l’un des porte-parole de l’Union de l’opposition, Mohamed Abdou Soimadou.

“Il y a eu une vingtaine de défilés sur l’ensemble du territoire national pour dénoncer le projet de référendum”, a-t-il ajouté, “c’est le peuple lui-même qui s’est emparé de la lutte pour exiger l‘État de droit”.

Les Comores ont connu pendant de nombreuses années une forte instabilité politique, caractérisée par des crises séparatistes et des coups d‘éat.

L’adoption en 2001 d’une nouvelle Constitution a contribué à y mettre fin, notamment un système de présidence tournante, tous les cinq ans, entre les trois îles qui composent l’Union des Comores (Anjouan, Grande-Comore, Mohéli).

Originaire de Grande-Comore, le colonel Azali a été élu en 2016 pour un mandat de cinq ans. Il avait déjà occupé la fonction suprême de 1999 à 2006, à la suite d’un putsch, avant de céder démocratiquement le pouvoir.

Il a déjà fait savoir qu’il serait candidat à un second mandat consécutif en cas de victoire du “oui” au référendum de la fin juillet.
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