Dès ce lundi, les Émirats arabes unis se désengagent de la formation des militaires somaliens. Une autre péripétie dans la crise qui trouble les relations entre les deux pays.
La crise diplomatique entre les Emirats arabes unis et la Somalie atteint des sommets
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir les premières retombées du récent incident entre soldats somaliens et émiratis à l’aéroport de Mogadiscio. Ce dimanche, les Émirats arabes unis ont annoncé qu’ils mettraient fin à leur mission de formation militaire en Somalie, où ils détiennent d’importants intérêts militaires et commerciaux.
L‘élément déclencheur officiel remonte au dimanche 8 avril, date à laquelle les EAU ont déclaré que des soldats somaliens ont arraisonné un avion émirati à l’aéroport de Mogadiscio, agressé leurs soldats sous la menace d’une arme et confisqué 9,6 millions de dollars. Un incident qui selon les EAU “contredit les normes diplomatiques et des liens entre les pays du monde”, ont-ils dénoncé dans un communiqué mardi.
Mais la querelle ne s’est pas arrêtée là. Mercredi, le ministre somalien de la Défense, Mohamed Mursal, a annoncé l’annulation d’un accord militaire et assuré que la Somalie paierait désormais elle-même ses soldats. Un risque énorme que le pays d’Afrique de l’Est – dont l’armée, mal équipée et désorganisée, a encore du mal à contenir les attaques djihadistes perpétrées par les islamistes shebab – est prêt à prendre au nom de sa souveraineté.
“En tant que gouvernement, nous avons la responsabilité de nous occuper de nos troupes, de payer leurs salaires et de ne pas déléguer cette responsabilité à d’autres”, a-t-il déclaré à l’agence de presse Sonna.
L’ombre de la crise dans le Golfe
Cette passe d’armes vient démontrer, si besoin en était encore, le durcissement des relations entre la Somalie et les Emirats arabes unis qui accusent le poids de la crise dans le Golfe.
En effet, il remonter à l’an dernier pour comprendre ces tensions directement liées au refus de Mogadiscio de prendre position dans la crise diplomatique opposant Abou Dhabi au Qatar.
Les Émirats font partie des quatre pays arabes, avec l’Arabie saoudite, Bahreïn et l’Égypte, à avoir rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar en juin 2017, l’accusant de liens avec des groupes extrémistes – ce que Doha dément – et de se rapprocher de l’Iran.
Les choses se sont davantage envenimé avec l’exploitation par le géant de l’industrie portuaire DP World DP World, propriété de Dubaï, du port de Berbera dans le Somaliland, territoire séparatiste de la Somalie. À présent, les EAU envisagent d’y installer une base militaire et ont invité les autorités du Somaliland à venir en visite aux Émirats.
Des accords vigoureusement dénoncés par Mogadiscio qui y voit une tentative délibérée de saper l’autorité centrale, la Somalie considèrant toujours le Somaliland comme une partie intégrante de son territoire.
Pour Rashid Abdi, expert à l’International crisis group, l’option idéale serait que la Somalie et les EAU aillent au dialogue. Mais cette solution est pour l’heure inenvisageable tant que la crise dans la Golfe perdure. Et malheureusement, celle qui en sortirait fragilisée, c’est la Somalie, précise-t-il.