Elle était appelée la “Reine de l’Afrique”, la “Mère de la Nation” en Afrique du Sud. Mais ce lundi 2 avril 2018, c’est avec un titre d’icône controversée que Winnie Madikizela-Mandela quitte ce monde après près de quarante années de sa vie dédiée à la lutte contre l’inégalité raciale.
Winnie Mandela : un héritage politique spolié par des controverses
Une pluie d’hommages tombe depuis l’annonce du décès de Winnie Mandela, ce lundi, des suites d’une longue maladie. Celle qui fut l‘épouse de Nelson Mandela, premier président noir d’ Afrique du Sud, est saluée pour ses sacrifices à la défense de la cause noire en Afrique du Sud.
Ce bagage politique que tous s’accordent à reconnaître, a pourtant, souvent été éclipé par des scandales de violences et de fraudes, de quoi l‘éloigner de la gloire à laquelle l’Afrique la prédestinait.
Au début des années 60 en effet, c’est à Winnie Mandela que l’on doit l’entretien du mythe de son époux Nelson, qu’elle a épousé en 1958 et qui fut arrêté en 1962 pour ses convictions politiques d’alors.
Sous le joug du régime de l’apartheid, Winnie Mandela a vécu l’enfer. Celle que l’on prénomme également Nomzamo (elle qui doit endurer des épreuves) fut violentée, brutalisée, placée en isolement total, emprisonnée, torturée, mais jamais elle n’a cédé. Bien au contraire, elle a réussi à mobiliser les troupes et à entretenir la flamme de la résistance jusqu‘à la libération de son époux en 1990.
Une popularité restée intacte
En dépit de ce succès personnel, Winnie Mandela ne réussira jamais à jouer les grands rôles au sein du Congrès national africain (ANC) en raison de scandales antérieurs et de son caractère bien trempé. Déjà, en 1992, elle est démise de ses fonctions dirigeantes de l’ANC à la suite d’accusations de corruption et de mauvaise gestion.
Elle est par ailleurs éjectée en 1995 du premier gouvernement de l’ANC dans lequel elle occupait le portefeuille de vice-ministre de la Culture, pour insubordination.
Les actions de cette femme de caractère, son discours violent et les accusations de meurtre portées contre ses gardes du corps l‘éloignent de son époux. Le couple se déchire et le divorce est prononcé en 1996.
Si elle a pu regagner les sommets de l’ANC en 2007, année depuis laquelle elle était membre du Comité exécutif du parti, ses scandales ne l’ont jamais quitté, du reste au sein même de sa famille politique.
L’une de ses dernières apparitions publiques remonte à la dernière conférence de l’ANC en décembre à Johannesburg, où elle avait été saluée par des applaudissements nourris. Sa réputation a peut-être été fortement entachée à plusieurs reprises, mais sa popularité parmi la majorité africaine est clairement restée large et profonde. Elle était irrépressible et incontournable dans la configuration politique de son pays.