À moins d’une semaine du prochain tour de la présidentielle en Sierra Leone, la montée des tensions inquiète dans ce pays qui a connu une guerre civile qui a duré onze ans.
Elections en Sierra Leone : une "rhétorique tribale" qui inquiète
La quiétude et le pacifisme observés lors du premier tour de la présidentielle sierra-léonaise contrastent largement avec les événements qui l’ont suivi. Selon le Guardian, au moins cinq incidents violents impliquant des bastonnades, des jets de pierres et des incendies criminels ont éclaté dans le pays. 4 000 policiers ont été déployés dans le pays.
Samura Kamara, le candidat de l’actuel parti au pouvoir, l’APC, a déclaré qu’il avait été pris pour cible par des partisans du principal parti d’opposition, SLPP de Julius Maada Bio. À l’en croire, il aurait reçu des jets de pierres alors qu’il s‘était arrêté dans un bar pour faire campagne la semaine dernière. Juste après son départ, le bar a été incendié.
À l’Est de la capitale Freetown, c’est un autre cadre de l’APC qui dit avoir été victime de ses rivaux du SLPP. Une de ses résidences a été incendiée. Même sort pour son véhicule.
À l’inverse, Ibrahim Tawa Conteh, qui a remporté un siège pour le SLPP dans l’ouest de Freetown, dit s’inquiéter pour sa vie et pour celle des membres de sa famille depuis qu’il s’est fait agresser à deux reprises alors qu’il battait campagne.
“Je me démène pour faire partir ma famille parce que j’ai entendu des rumeurs selon lesquelles ils vont essayer de mener une attaque chez moi (...) J’ai tellement peur pour moi et ma famille et je ne sais pas ce qui va se passer ensuite. Je crains qu’ils continuent à venir jusqu‘à ce que je sois mort”, a-t-il confié au Guardian.
Un second tour sur les braises
En Sierra Leone, la cartographie politique est dominée par deux principaux partis politiques, l’APC et le SLPP qui dominent deux régions. De nombreux partisans du parti au pouvoir en Sierra Leone viennent des districts du nord, tandis que le plus grand pourcentage de partisans de l’opposition vit dans le sud.
Si ce tracé ethnique n’a pas été proéminent lors du scrutin, le porte-parole du parti au pouvoir Abdulai Baratay a laissé entendre la semaine dernière, sur la radio d’Etat, que les partisans du SLPP avaient davantage voté sur des bases ethniques, contrairement à ceux de l’APC. Une déclaration qu’il a par la suite démentie, mais qui est soupçonnée d’avoir mis le feu aux poudres. Les diplomates, eux, s’inquiètent d’une “rhétorique tribale” dans ce pays qui a déjà souffert d’une guerre civile pendant onze années.
“J’ai étudié le génocide rwandais et je connais le problème”, a déclaré le porte-parole du parti au pouvoir. “Ce dont je parlais était le régionalisme, que les gens confondent souvent avec la tribu ici”, a-t-il ajouté.
Dans moins d’une semaine, les électeurs sierra-leonais sont attendus dans les urnes pour le second tour du scrutin auquel le principal parti de l’opposition part avec une courte avance. Quant au parti arrivé troisième lors du premier tour, la Grande coalition nationale (NGC), il a refusé de donner une consigne de vote.