Cameroun : Ekok, sous perfusion de l'essence de contre-bande

C’est une manœuvre surréaliste qu’exécute au quotidien Deboh Brandon. La trentaine, il tient boutique dans une vaste clairière non loin d’Ekok, une bourgade frontalière avec le Nigeria, située dans la région du Sud-ouest au Cameroun.

Contrairement, aux apparences, ce ne sont pas des bidons d’eau qu’il remplit.

Mais de l’essence. Du carburant souvent frelaté appelé localement zouazoua et entreposé dans une cabane en planches.

« On va au Nigeria, on rencontre ces vendeurs et puis on discute avec eux. Si on veut acheter ces bidons jaunes on paye 00.000 francs. Puis on revient au Cameroun. C’est à eux de trouver un véhicule pour nous livrer le carburant ici au Cameroun », raconte Deboh Brandon entre deux discussions avec des acheteurs venus de la ville.

La vente illégale du carburant de contrebande est en principe interdite par les autorités camerounaises. Elle est pourtant tolérée dans cette ville frontalière du fait du nombre insuffisant de stations-services. Face aux risques d’incendie, les autorités ont pris quelques précautions.

« On appelle cet endroit “Petrol village”. En févier dernier, on vendait le carburant en ville, et chacun avait son dépôt à lui. Mais il y a eu un incendie l’année 2016, et l’administration nous a demandé de partir de la ville. Nous avons plaidé et assuré que cela ne se reproduira plus. Mais févier 2017, il y a eu un autre incendie, alors le sous-préfet et le chef nous ont relocalisés ici disant que si nous voulons nous brûler, il fallait mieux le faire ici. C’est pour cela qu’on appelle cet endroit “Petrol village”, ajoute Ashanga Rogers, grossiste de carburant.

Les habitants d’Ekok tirent également quelques profits de la situation. Le carburant importé du Nigeria, bien que de qualité douteuse, est sensiblement moins cher que les prix homologués par les autorités camerounaises.

Un équilibre qui est fragilisé par la persistance de la crise que traverse les régions du nord-ouest et du sud-ouest depuis près d’un an et demi.
Voir sur Africanews
>