De la Côte d’Ivoire à l’Ouganda en passant par le Nigeria, le Kenya ou le Sénégal, l’identification des abonnés mobiles n’est plus une option, mais une obligation. Dans un contexte sécuritaire fragile, la maîtrise des abonnés est un pare-chocs dont veulent se servir les Etats. Mais les opérateurs mobiles ont-ils toujours la bonne méthode ?
L'Afrique en ordre de bataille pour l'identification des cartes SIM, mais la méthode coince
Ce mercredi, sur son compte Twitter, le chef de l’Etat ougandais a réitéré les injonctions relatives à l’identification électronique des cartes SIM, faite la veille par son gouvernement. Une sortie pas tout à fait anodine du président Yoweri Museveni, d’autant que depuis plus de six mois, des meurtres mystérieux sont commis dans le pays.
D’abord une vingtaine de femmes assassinées dans le pays par des gangs de kidnappeurs sur cette période. Il y a deux mois, un responsable de police, son chauffeur et son garde du corps ont subi le même sort. Et récemment, le 7 février, une femme a d’abord été kidnappée avant que son corps ne soit retrouvé, sans vie, il y a quelques jours.
Dans nombre de ces cas, les ravisseurs appelaient les familles des victimes pour leur exiger une rançon. Le hic, c’est que les numéros utilisés par ces hommes n’ont jamais pu être localisés car n’ayant pas été enregistrés. Pour l’heure, aucune sanction contre les opérateurs mobiles concernés n’a été communiquée par le gouvernement ougandais.
Mais au Nigeria, la question de l’identification des cartes SIM est prise avec beaucoup de sérieux alors que le pays continue de faire face à l’insurrection de la secte islamiste Boko Haram. En 2016 notamment, la nation ouest-africaine avait sommé l’opérateur sud-africain MTN à payer une amende de 1,7 milliard de dollars pour avoir échoué à identifier tous ses abonnés.
Dans une moindre mesure, le Sénégal avait, fin 2016, désactivé près de 5 millions de cartes SIM non-identifiées.
Une politique du moindre effort
En dépit de ces sanctions, les campagnes d’identification prennent souvent du plomb dans l’aile. La question se pose actuellement en Côte d’Ivoire. Le pays s’est lancé dans une nouvelle campagne d’identification de ses abonnés de téléphonie mobile et de cybercafé débutée le 12 septembre 2017 et censée prendre fin le 31 mars 2018.
A près d’un mois de l‘échéance, l’opération fait débat. Si les utilisateurs ne trouvent aucune objection à la campagne diligentée par le ministère de la Communication, de l’Économie Numérique et de la Poste, ils critiquent cependant la méthode utilisée par les opérateurs dont les plus critiqués sont Orange Côte d’Ivoire et Moov.
En effet, ils s’insurgent contre les longues files d’attente auxquels ils doivent se soumettre pour se faire identifier. Une attente qui peut parfois durer cinq heures dans les agences de téléphonie mobile, en pleine semaine. Dans le pays profond, la tache est davantage rude. Les populations rurales sont parfois obligées de faire des dizaines de kilomètres avant de trouver une agence dans laquelle elles pourront souscrire à l’opération.
Pour beaucoup d’utilisateurs, c’est aux opérateurs de faire des efforts en déployant des points d’identification dans les quartiers, comme c’est souvent le cas lors de promotions de certains produits. Surtout que, si des sanctions devaient tomber, c’est bien les opérateurs qui l’endosseraient.