En Mauritanie, les mariages se font et se défont à un rythme soutenu. Dans cette communauté islamique, les femmes assument des divorces à deux, trois, voire quatre reprises sans heurter personne.
En Mauritanie, pays islamique, des divorces en cascade
Un taux de divorce qui oscille entre 42 et 49 %. Ce sont les chiffres avancés par la presse locale et certaines associations. Certes jamais confirmer par des institutions gouvernementales, mais ce taux pourrait être corroboré par le nombre de cas devant les affaires sociales pour le paiement de pensions alimentaires. Aujourd’hui, la Mauritanie est considérée comme le pays arabe où le taux de divorce – très souvent décidé par les femmes – est le plus élevé au monde.
Une réputation qui s’explique par plusieurs facteurs. D’une part la défection des hommes qui n’arrivent plus à subvenir aux charges de la famille, parfois reconstituée. Mais il y a surtout le facteur culturel qui voudrait que la femme mauritanienne soit une femme forte et émancipée. Contrairement à nombre de pays arabes où la femme est fortement dépendante des décisions de la communauté masculine, en Mauritanie, les femmes pèsent pour beaucoup dans les instances de décision. En témoigne la proéminence féminine dans le gouvernement et autres institutions de l’Etat.
D’ailleurs, bien qu’on soit dans un pays islamique, la polygamie est difficilement acceptée par les femmes. Certains hommes sont obligés de se marier en cachette. Mais quand cela est découvert par leur épouse, c’est le divorce assuré. “Le problème avec les hommes, c’est qu’ils aiment trop les femmes, or la femme mauritanienne est jalouse !”, confie une femme divorcée au site le nouvelobs.com.
“Une lecture éclairée de l’islam”
Dans un pays très ancré dans la religion, avoir des relations sexuelles hors mariage peut être sévèrement puni par la charia, la loi islamique. Un mariage sur un coup de tête s’avère donc un raccourci pour avoir rapidement les relations sexuelles. Mais lorsque les époux commencent à mieux se connaître, c’est parfois la désillusion.
Il y a aussi les mariages intéressés et forcés de femmes adolescentes. Leurs parents entreprennent ces unions afin de trouver des hommes capables de subvenir aux besoins de leurs filles, parfois âgées de 12 ans. Plusieurs années plus tard, à l‘âge adulte, ces filles décident alors de basculer d’un mariage de raison à un mariage de cœur.
Mais si les divorces sont aussi répandus dans la communauté mauritanienne, c’est surtout parce que l’acte peut être prononcé à la vitesse de l‘éclair par les autorités compétentes. “Ici, il suffit d’un acte verbal, une phrase, et la personne est divorcée”, explique l’actuelle commissaire à la sécurité alimentaire, Najwa Kettab.
En dépit de ces divorces entrés dans le quotidien des Mauritaniens, une femme divorcée n’est en rien marginalisée par la communauté comme c’est le cas dans la majorité des pays arabes. Bien au contraire, une femme passée par plusieurs divorces peut s’attirer la convoitise des hommes.
“Je crois que nous avons une lecture éclairée de l’islam”, tend à dire Najwa Kettab. Pour elle, l’implication des femmes dans le processus d’interprétation des textes saints a permis d’avoir une vision différente de l’islam et de ses recommandations par rapport aux autres pays arabes.