Le spectre de la famine recommence à peser sur le Soudan du Sud, assujetti à une résurgence des combats qui frappent plusieurs comtés du pays.
Le Soudan du Sud de nouveau menacé par la famine
Plus de six millions de personnes, soit plus de la moitié de la population sud-soudanaise vivent dans une insécurité alimentaire accrue. Et 150 000 d’entre eux, repartis dans 11 comtés des États de Jonglei, du Haut-Nil, de l’Unité et de l’ouest du Bahr el Ghazal pourraient être frappées par la famine d’ici la fin de l’année. C’est ce qu’indique un rapport des Nations unies et du gouvernement sud-soudanais publié ce lundi.
“Ce sont des niveaux sans précédent d’insécurité alimentaire”, a déclaré à l’Associated Press Ross Smith, responsable des opérations pour le Programme alimentaire mondial des Nations unies.
L’an dernier, la Nation la plus jeune du monde s’est déclarée en état de famine dans deux comtés où étaient touchées 100 000 personnes. Mais face à une réponse adéquate et rapide des Nations unies, la crise a été évitée et l’alerte levée au mois de juin 2017.
Seulement, avec la récente reprise des combats entre rebelles et forces gouvernementales, la situation s’est détériorée dans un pays déjà ravagé par cinq ans de guerre civile, après sa sécession et son indépendance du Soudan en 2011.
Actuellement, au Soudan du Sud, une personne sur trois a été chassée de son toit par les combats, entrainant au passage une baisse drastique de la production céréalière, principal aliment de la population.
Une solution politique pour venir à bout de la crise
Pour les travailleurs humanitaires, si la situation reste en l‘état, même avec l’aide alimentaire actuelle, ce sont plus de 30 comtés qui pourraient faire face à une insécurité alimentaire sévère d’ici mai, nécessitant alors une assistance à grande échelle.
“Les projections sont frappantes. Si nous les ignorons, nous serons confrontés à une tragédie grandissante”, prévient Serge Tissot, représentant du FAO au Soudan du Sud.
La seule solution, estiment les humanitaires, est une solution politique aux combats, qui permettra aux populations de revenir à la terre et donc de reconstruire leur vie.
L’an dernier, le président Salva Kiir a ordonné un accès illimité aux groupes d’aide, mais selon les travailleurs humanitaires, la situation n’a pas changé et pis, la saison sèche actuelle pourrait aggraver la situation.
“Les violations continu des droits humains, y compris le blocage de l’accès à la nourriture par le gouvernement et les forces de l’opposition, ont conduit à une grave insécurité alimentaire”, a déclaré Alicia Luedke, chercheuse pour l’ONG Amnesty International.