Une douzaine de ministres africains de la Santé ont signé une “résolution” pour lutter contre les médicaments falsifiés, un fléau qui touche de plein fouet l’Afrique avec des centaines de milliers de victimes chaque année.
Des pays africains signent une "résolution" contre les faux médicaments
“Tous les indicateurs font état d’une situation critique”, s’est alarmé le ministre marocain de la Santé, Anas Doukkali, à l’ouverture des Assises marocaines du médicament et des produits de santé à Skhirat (ouest).
“Les faux médicaments tuent chaque jour, en particulier en Afrique (...) Ce trafic doit être condamné avec la plus grande fermeté”, a-t-il poursuivi, peu avant la signature de la “résolution de Rabat” par une douzaine de pays, dont le Sénégal et la Côte d’Ivoire, destinée à “renforcer les efforts en matière de lutte contre les médicaments”.
Un médicament falsifié ou contrefait est un produit sans principe actif ou bien sous-dosé, mais qui peut aussi contenir des substances toxiques. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 10% des médicaments qui circulent dans le monde sont faux. La moitié des médicaments vendus sur internet sont contrefaits.
L’Afrique est devenue le terrain de jeu favori des trafiquants de faux médicaments, un commerce lucratif. “Cette contrefaçon peut atteindre 30 % (des médicaments circulant) en Afrique”, a résumé le ministre marocain, citant les statistiques de l’OMS.
Le professeur français Marc Gentilini, responsable du programme de santé de la Fondation Chirac, a dénoncé un “double crime” qui “frappe non seulement les malades, mais aussi les plus pauvres qui n’ont pas accès aux soins de santé, notamment en Afrique”.
Endiguer ce phénomène nécessite de “lutter contre la corruption qui remonte très haut dans la hiérarchie politique”, a estimé cet ancien président de la Croix-Rouge française.
Sur les dix premiers mois de 2017, les autorités marocaines ont arrêté 52 personnes impliquées dans des trafics et saisi 32.584 médicaments de contrebande, selon des chiffres publiés par la presse locale vendredi. Le 14 février, les autorités ont saisi à Tanger (nord) 25 millions de comprimés de Tramadol, un analgésique parfois utilisé comme drogue, à destination d’un pays africain, selon la même source.
En août 2017, Interpol a annoncé la saisie de 420 tonnes de produits.