Les voyages de fonctionnaires nigérians à l‘étranger pour des soins médicaux bientôt soumis à une réglementation. C’est en tout cas ce qu’espère un député de l’opposition qui a déposé un projet de loi devant la Chambre des représentants du Nigeria.
Au Nigeria, les parlementaires veulent limiter les voyages médicaux à l'étranger pour les fonctionnaires
Le texte, qui a déjà franchi l‘étape de la deuxième lecture au Parlement, devrait pouvoir modifier la loi nationale sur la santé et ainsi “réglementer les voyages internationaux pour les traitements médicaux par les fonctionnaires”. L’une des clauses consistera à fixer un montant précis des frais engagés par l’Etat pour les soins à l‘étranger d’un fonctionnaire. Car, pour l’heure rien n’empêche un citoyen d’utiliser ses propres fonds pour ses frais dans un autre pays.
En réalité, ce projet de loi vient se faire l‘écho des nombreuses exaspérations consécutives au long séjour médical à Londres du chef de l’Etat nigérian Muhammadu Buhari, l’an dernier. Il avait cumulé en tout 150 jours dans l’ancienne puissance coloniale, replongeant le pays dans une incertitude similaire à celle qu’il avait connu du temps du président Umaru Yar’Adua, mort en fonctions 2010 à son retour d’un long traitement médical en Arabie saoudite.
Mais, les traitements médicaux de personnalités au-delà des frontières de leur pays ne sont pas que l’apanage des Nigérians. Nombreux sont les chefs d’Etat africains qui privilégient les cliniques européennes et asiatiques pour leurs soins de santé. De Robert Mugabe à Eduardo dos Santos, en passant par Alassane Ouattara ou encore Patrice Talon, les dirigeants africains ne cachent plus leurs préférences pour les hôpitaux étrangers.
Pourtant, pour plusieurs analystes, cela traduit bien la perception qu’ont ces dirigeants africains de leurs propres systèmes de santé : des hôpitaux en déficit logistique, humain et technologique. Sauf que, en dépensant l’argent du contribuable pour se faire soigner à l‘étranger, ces dirigeants creusent davantage le fossé entre les hôpitaux étrangers déjà développés et les hôpitaux locaux qui nécessitent des fonds pour se développer.
Plus encore, cela réduit la confiance du public dans les soins de santé locaux, favorisant ainsi l’auto-médication, la négligence de certaines maladies, mais également les revendications sociales à la moindre friction.