Voulant contribuer au plafonnement de la hausse des températures à 2 degrés conformément à l’Accord de Paris, la RDC et le Congo voudraient protéger leurs tourbières, ces zones humides à forte teneur en carbone. Mais, il faut une contrepartie de la part de la communauté internationale.
Congo-RDC : le prix de la protection des tourbières
Situés en plein cœur du Bassin du Congo, le deuxième au monde après celui de l’Amazonie, le Congo et la RDC ont en partage non seulement le fleuve Congo, mais aussi une vaste étendue de 145.000 km2 (plus vaste que l’Angleterre) de tourbières. Ces zones humides dont les sols ont une forte teneur en matières organiques et qui contiennent de ce fait de quantités inestimables de carbone.
En conséquence, leur destruction par l’asséchement du fait des activités agricoles, de l’exploitation forestière ou de la construction d’infrastructures comme les routes aggraverait sérieusement les impacts du réchauffement climatique. « Si les tourbières s’asséchaient, si elles étaient transformées en espace agricole, le carbone stocké dans les sous-sols serait relâché dans l’atmosphère et cela aggraverait le problème du changement climatique », redoutait en octobre dernier Simon Lewis, expert en tourbières de l’Université de Leeds au Royaume-Uni, au terme d’une mission de Greenpeace à Lokolama en RDC.
Et les tourbières congolo-congolaises contiendraient d’après des experts près de 30 milliards de tonnes de carbone, l‘équivalent de 3 ans des émissions d‘énergies fossiles de toute la planète.
Partant de ce constat, les deux Congo veulent se jeter à l’eau afin de traduire dans les faits leur engagement dans l’application de l’Accord de Paris qui prévoit notamment le plafonnement des températures à 2 degrés. Un communiqué rendu public le 12 février explique que la ministre de l’environnement et du tourisme du Congo Arlette Soudan Nonault a discuté de la question le week-end dernier à Kinshasa avec son homologue de la RDC, Amy Amba Tobe. Ils ont notamment réfléchi à la mise en place d’un organe de gestion conjointe des tourbières.
Or, si cet organe peut voir le jour, il ne saurait fonctionner sans la prise en compte de la situation des populations riveraines qui tirent l’essentiel de leurs ressources vitales de cet écosystème. Il faut donc des solutions alternatives aux « sacrifices » des riverains. Et la principale contrepartie doit être financière. D’où cet appel à la communauté internationale : “les agences des Nations unies et les autres partenaires sont appelés à verser des compensations financières”, a déclaré Arlette Soudan Nonault, sans avancer de chiffre.
Reste à présent la réponse que donneront ces partenaires.