"Microbes", "Bébés noirs", "Axe men"... ces gangs qui terrorisent les villes africaines

D’Abidjan à Maputo en passant par Brazzaville, l’insécurité est une gangrène entretenue par des hordes de jeunes qui agissent sous le regard impuissant des populations.

La police mozambicaine est sur les traces d’un groupe de jeunes qui sème la terreur à Lichinga, dans la province de Niassa, au nord de la capitale Maputo. Ces gangs, composés de 12 à 15 personnes armées de gourdin, couteau ou encore machette, entrent dans les maisons tard dans la nuit, réduisent les occupants au silence et les dévalisent de tous leurs biens, jusqu‘à la nourriture.

Les “Axe Men” comme on les surnomme, ont réussi à terrer la population dans une peur inouïe, même si la police est confiante dans l‘éradication prochaine du phénomène, après avoir “neutralisé” trois gangs.

Loin du Mozambique, au centre de l’Afrique, Brazzaville, la capitale congolaise, subit une tendance pareille. Les “Bébés noirs” y sont en vogue, de même que dans plusieurs villes du pays. Âgés entre 13 et 30 ans, ils agissent également en bande organisée. Pour les autorités congolaises, il s’agit tout simplement de “terroristes” qui “tuent, pillent et violent les femmes”, déclarait en mai 2017 André Ngakala Oko, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Brazzaville, assurant être en guerre ouverte avec ces délinquants.

La Côte d’Ivoire n’est pas mieux lotie. Elle doit faire face à un cas plus complexe. Car ici, il s’agit encore plus d’enfants et d’adolescents aux tendances bien plus violentes et libertines. Les microbes, tels qu’on les appelle dans les rues d’Abidjan, ou “enfant en difficulté avec la loi” selon le gouvernement, font la loi dans plusieurs quartiers de la capitale.

De la prise en charge de ces jeunes

Haïs autant que craints, ces jeunes criminels sont originaires des quartiers pauvres de la capitale économique ivoirienne. Le phénomène est apparu avec la crise politico-militaire de 2002-2011 à Abobo, puis s’est étendu à d’autres grands quartiers comme Yopougon et Koumassi.

Leurs victimes, on les compte par centaine, de l‘étudiante, au fonctionnaire lambda jusqu’au policier. Face à leur crime, la population préfère opter pour la justice populaire comme ce chef “microbe” torturé, décapité et brûlé en 2015, signe d’une exaspération grandissante dans le pays.

Depuis, les forces de sécurité organisent régulièrement des descentes pour traquer des suspects. En Côte d’Ivoire, les différentes opérations “Éperviers” ont permis d’appréhender d‘éventuels “microbes” qui après des procès éclairs sont incarcérés, pour ceux déclarés coupables. Mais pour nombre d’analystes, la solution de ces jeunes n’est pas forcément la prison.

“Il faut créer des centres d’accueil pour ces enfants. Quand ils ont passé une année deux ans dans ces centres, ils peuvent être réinsérés dans la société”, suggère Bienvenu Parfait Matsala, acteur de la société civile congolaise.

En Côte d’Ivoire, des ONG sont déjà engagées sur cette voie. Grâce à la mise en place d’un programme de réinsertion sociale de l’ONG Indigo pour les enfants “microbes”, plusieurs “microbes” reconvertis espèrent se lancer dans la vie active.
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