Liberia : George Weah sur les traces de Sankara ?

Afin de garantir l‘égalité des Libériens, George Weah promet de supprimer la disposition constitutionnelle n’accordant la citoyenneté qu’aux personnes de couleur. Et face à la crise économique, le successeur de Sirleaf entend baisser son salaire de 25%.

Ces derniers temps, des constitutions africaines sont souvent révisées pour aider des Chefs d’Etat à briguer des mandats supplémentaires ou encore à consacrer des présidences à vie.

Mais, ce n’est pour l’instant pas le cas au Liberia. Le nouveau président veut au contraire mettre fin à la légalisation et la légitimation d’une « iniquité ». George Weah a annoncé lundi son intention de réviser la Constitution, pour supprimer une disposition réservant la citoyenneté aux “personnes de couleur”. En jugeant “inutile, raciste et dépassé” l’article y relatif.

Sur le terrain sociopolitique, l’impact de cet article est tel qu’après Samuel Doe (1980-1990), Weah est le deuxième président de la plus ancienne république d’Afrique à ne pas appartenir à l‘élite “américano-libérienne” descendant d’esclaves affranchis qui y domine la vie politique depuis 170 ans.

Une modestie digne de Sankara ?

Le Chef de l’Etat a également dénoncé l’interdiction pour des étrangers de posséder des biens fonciers, dissuasive selon lui pour les investisseurs, ainsi que celle de détenir une autre nationalité, estimant que beaucoup de Libériens chassés par la guerre civile (1989-2003) étaient devenus citoyens de leur pays d’accueil.

Autre annonce choc: “Je vous annonce aujourd’hui, avec effet immédiat, que je vais réduire mon salaire et mes primes de 25%”, a ajouté George Weah, appelant les parlementaires à suivre cet exemple, face aux difficultés économiques que traverse le pays.

Dans une Afrique où très peu de dirigeants annoncent la réduction de leurs salaires, George Weah devrait faire penser à Thomas Sankara. Lui dont la modestie et l’esprit patriotique et panafricaniste continuent de servir de modèles à bien d’Africains visiblement insatisfaits de la gouvernance que leur proposent certains dirigeants du continent.

Une semaine après la première passation de pouvoirs entre deux présidents élus dans ce pays depuis 1944, il a salué la présence à la cérémonie d’Ellen Johnson Sirleaf, signe selon lui que les blessures de la guerre civile se sont refermées.

“Bienvenue Madame Sirleaf, votre présence ici aujourd’hui montre quel chemin nous avons parcouru en tant que peuple”, a-t-il souligné. George Weah a également réaffirmé sa volonté de faire de l‘éducation une “priorité constante et essentielle” de son administration.
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