Tchad : manifestation contre l'austérité reprimée

Manifestation pacifique étouffée par la police ce jeudi dans les rues de N’Djamena, capitale du Tchad. Initiée au départ par huit organisations de la société civile, six ont renoncé à cette marche suite à la rencontre que le ministre de l’administration du territoire et la sécurité publique la veille.

Deux organisations se désolidarisé et appellent la population à descendre dans les rues pour protester contre les mesures d’austérités, la hausse du prix de carburant et l’augmentation du taux d’inscription des étudiants tchadiens et bien d’autres mesures.

C’est ici dans cet espace vide situé dans la commune du 7ème arrondissement municipal qui constitue l’un des points de départ du mot d’ordre de la marche, donné par ces organisations. Sur le mur on peut lire « la vie est chère au Tchad », « les tchadiens débouts, Idriss Déby Itno, dégage ».

Mais la tentative de rassemblement ne sera que de courte durée. La police envahi le coin et procède aux arrestations. NDingamnayal Nely Versinis leader du collectif tchadien contre la vie chère sera arrêté, torturé puis relâché en fin de matinée. Couché au salon, il s’exprime à peine.

« Lors de la manifestation, ils m’ont poursuivi avec leur véhicule. Je suis entrée dans une chambre pour me protéger, mais eux se sont introduit dans la chambre de la femme pour me faire sortir, ils se sont mis à me rouer des coups, ils m’ont pris comme un sac à mil pour me jeter dans le véhicule. Ils m’ont demandé de me coucher à plat ventre, ils ont marché sur moi à leur retour, tabassé avec des gourdins, ils ont dit qu’ils vont me libérer mais la prochaine fois, que je serais envoyé à Korotoro ».

Mme Karyom Demba, militante de l’Union des Syndicats du Tchad qui participe à cette manifestation a été bastonnée par la police. Mais elle ne se désarme pas. Pour elle, la lutte doit continuer jusqu’au bout.

« En tant que travailleur, je proteste contre tous les projets d’abattement des salaires et d’augmentation des IRPP que le gouvernement projette sur mon salaire. Déjà que le salaire que j’ai ne me permet pas de vivre et survivre normalement à mes besoins, donc, ce n’est que légitimité cette lutte-là. Parce que le but, c’était vraiment de sortir dans la rue, et que eux également, ils puissent montrer au monde entier que tout l’arsenal qu’ils ont c’est avec notre argent, c’est avec l’argent du peuple tchadien qu’ils ont acheté les véhicules, les gaz lacrymogènes, les matraques, tout cela c’est pour nous mater. Et pourtant, ils peuvent investir cet argent autrement, c’est juste que Déby a montré à quel point il a échoué dans sa politique. Il a montré une fois de plus que devant un peuple à mains nues, lui a tout l’arsenal pour pouvoir nous exterminer ! Mais ce n’est qu’une goutte d’eau, nous avons marqué un point et nous pensons que l’éveil des consciences a déjà commencé et nous n’allons pas nous refroidir. Et donc, lui se prépare à nous mater, nous on se prépare à marcher encore, on verra le vainqueur, mais ce qui est sûr, le peuple est au-dessus de tout. »

La police, la gendarmerie et les gardes nomades ont quadrillé toute la ville. Même les chiens policiers ont été déployés dans les carrefours pour un éventuel débordement.
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