Sénégal : « Non à la franc-maçonnerie »

Une réunion des francs-maçons dénommée Rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches (REHFRAM) devrait se dérouler du 2 au 3 février à Dakar. Mais, à cause des pressions d’organisations religieuses, elle n’aura plus lieu dans la capitale sénégalaise.

Les quelque 600 « frères » francs-maçons doivent choisir un autre lieu pour tenir leurs 26è Rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches (REHFRAM). Lesquelles rencontres devraient se dérouler du 2 au 3 février prochain à Dakar. Tant le collectif « Non à la franc-maçonnerie » se montre formel.

Dans un communiqué rendu public hier, la coalition regroupant une soixantaine d’associations islamiques et la plateforme « Ensemble, protégeons nos valeurs » s’est opposé avec vigueur à la tenue de cette réunion franc-maçonnique. « Ces congrégations occultes font insidieusement, sous prétexte de “protection des libertés”, la promotion de cette nouvelle forme d’infanticide qu’est l’avortement et l’apologie des unions contre-nature, comme les mariages homosexuels », peut-on lire dans le document.

Allusion faite par exemple à la loi Veil du nom de Simone Veil, ancienne ministre française de la santé auteure de la loi sur la légalisation de l’avortement dans les années 1970. Des lois susceptibles de « pervertir nos valeurs et susceptibles de créer la confusion dans les esprits », selon l’expression de Mame Mactar Guèye, vice-président d’une association signataire du communiqué cité par l’hebdomadaire Jeune Afrique.

La franc-maçonnerie victime des idées reçues ?

C’est pourquoi, ces associations ont entrepris « d’alerter les populations sur les mobiles ténébreux de ces loges qui, depuis le mois de décembre dernier, avaient anticipé leurs œuvres d’agression de la société sénégalaise par une entreprise maléfique de “débauchage” de jeunes gens », poursuit le communiqué.

Des pressions qui ont conduit les francs-maçons à annuler leurs retrouvailles dakaroises placées pourtant sous le thème « Quel modèle de développement économique et social pour le progrès de nos sociétés : libertés, Éducation, Gouvernance ? ».

Si l’implantation de la franc-maçonnerie en Afrique remonte à la fin du 18è siècle et s’est répandue dans tout le continent, elle n’a pas cependant bonne presse. Dans plusieurs pays africains (musulmans, chrétiens ou animsistes), les francs-maçons sont considérés comme des suppôts de Satan. « En 1934, Blaise Diagne le premier député africain à être élu à la Chambre des députés en France avait été enterré à l’extérieur du cimetière à cause de son appartenance maçonnique », explique Alassane Samba Diop, directeur de la Radio Futur Médias (RFM). Le plus souvent par « ignorance », ajoute Alassane.

Mais, au-delà des questions ou controverses religieuses, la franc-maçonnerie est définie par des Africains comme étant le refuge de certains dictateurs malfaiteurs africains. « J’entends dire qu’ils (francs-maçons) sont des bâtisseurs de l’univers. Mais, qui on voit à l’intérieur de la franc-maçonnerie ? Ce sont ces dictateurs qui maltraitent les peuples africains. Et comment voulez-vous que je crédibilise une telle religion ? » , déplore un jeune de Pointe-Noire au Congo.

D’autres essaient de nuancer. « Beaucoup d’idéologies, courants philosophiques ou religieux ont souvent été dévoyés par certaines personnes mal intentionnées. Si on peut dire que la franc-maçonnerie est le repaire des satanistes, que dirons-nous des dirigeants occidentaux francs-maçons qui s’arrangent à bien gouverner leurs pays », nuance une étudiante de la capitale économique congolaise.
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