Le gouvernement tchadien a décidé de suspendre une réduction controversée des salaires des fonctionnaires annoncée début janvier et qui était au centre de négociations avec les syndicats, a déclaré mercredi le Premier ministre Albert Pahimi Padacké.
Tchad : le gouvernement abandonne la coupe des salaires des fonctionnaires
Le Tchad, qui se débat dans une crise économique et sociale sévère depuis 2014, principalement due à la chute des cours du pétrole, avait annoncé début janvier sa volonté de diminuer sa masse salariale.
L’annonce avait abouti à une levée de boucliers au sein des syndicats et partis politiques. Des négociations étaient depuis en cours entre le gouvernement et les syndicats.
“Le gouvernement a décidé de sursoir l’abattement des salaires”, a annoncé le Premier ministre aux syndicats lors d’une rencontre dans ses bureaux.
“C’est une très bonne chose que le gouvernement entende la voix des travailleurs”, a réagi à l’AFP Michel Barka, président de l’Union des syndicats du Tchad (UST).
“Nous avons terminé 2017 avec une masse salariale de plus de 376 milliards de francs CFA (environ 600 millions d’euros), soit presque 100 % des recettes cumulées des douanes et des impôts. C’est pourquoi le gouvernement n’a d’autre choix que d’explorer de nouvelles (pistes) pour essayer de faire des économies”, avait déclaré mardi à l’AFP le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Fadoul Sabre.
Ces mesures d’austérité devaient permettre d’atteindre le niveau de performance exigé par le Fonds monétaire international (FMI) qui, aux côtés de plusieurs promesses d’investissements de la part d’acteurs privés, a adopté un plan d’aide pour le Tchad.
“Dans le cadre de notre plateforme, nous allons commencer à travailler et proposer au gouvernement des pistes pouvant lui permettre de combler son + gap + de 30 milliards de francs (environ 45 millions d’euros)”, a ajouté le leader syndical M. Barka.
Frappé par la chute des cours du baril de brut en 2014, le Tchad, pays pétrolier, a vu ses recettes chuter drastiquement et sa dette augmenter. Le gouvernement multiplie depuis les plans d’austérité dans un pays où près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.
AFP