L’opposition en Tanzanie satisfaite du rendement du gouvernement. C’est en tout cas ce qui ressort de la rencontre entre le chef de l’Etat John Magufuli et son principal opposant Edward Lowassa.
Tanzanie : le chef de l'opposition félicite le président "pour le travail abattu"
Ambiance bon enfant ce mardi entre le chef de l’Etat tanzanien John Magufuli et son principal opposant Edward Lowassa. Les deux hommes tenaient un tête-à-tête au palais présidentiel, pour la première fois depuis les élections de 2015.
Selon le président tanzanien, l’initiative est venue de M. Lowassa qui cherchait depuis plusieurs mois à le rencontrer. “A diverses occasions, Lowassa a demandé à avoir une réunion avec moi et aujourd’hui, je l’ai rencontré ... il m’a dit ce qu’il pensait et je lui ai dit ce que je pensais’‘, a déclaré le président.
Une réunion plus que satisfaisante, en tout cas pour le chef de l’Etat qui s’est vu féliciter pour le travail qu’il abat avec son gouvernement. “J’ai félicité le président pour le bon travail qu’il a fait, nous devons reconnaître le travail accompli et il doit être encouragé”, a dit Lowassa, repris par le communiqué du palais présidentiel à l’issue de l’entretien.
Parmi les points forts retenus par l’opposant, la construction en cours du chemin de fer de Dar es Salam à Morogoro, la construction d’un barrage hydroélectrique d’une capacité de 2 100 mégawatts et la gratuité de l’enseignement pour le primaire.
“Nous continuerons à honorer ces anciens qui ont apporté leur contribution … et je remercie Lowassa d’avoir reconnu que nous [le gouvernement] avons fait beaucoup de bonnes choses”, a rétorqué le chef de l’Etat.
Ancien Premier ministre entre 2005 et 2008, Edward Lowassa est un ancien du parti au pouvoir, le Chama cha Mapinduzi. Il a toutefois rejoint la coalition de l’opposition, le Chadema, dans le courant de la présidentielle de 2015 qu’il a d’ailleurs disputée face au président Magufuli. À présent, ses détracteurs le soupçonnent de vouloir retourner au sein du parti au pouvoir. Des allégations qu’il réfute.
Sa rencontre avec le numéro 1 tanzanien intervient dans un contexte plutôt particulier dans le pays. Plusieurs organisations, dont l‘église, accusent le président Magufuli d‘être intolérant à la critique.
Le gouvernement est notamment sous le feu des critiques pour l’interdiction faite à l’opposition de manifester. Les opposants ont été enjoints d’attendre la campagne pour les élections de 2020 pour toute manifestation.
La semaine dernière, un cadre du parti d’opposition Chadema, Tundu Lissu, qui a survécu à une tentative d’assassinat en septembre, a blâmé le gouvernement pour cette attaque. “Un gouvernement qui envoie des assassins contre des politiciens qui ont des opinions contraires devrait être condamné par la communauté internationale”, a-t-il déclaré.
Lowassa a lui-même été arrêté à plusieurs reprises pour avoir tenu des réunions politiques “illégales” et avoir fait des remarques séditieuses.