La Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) aurait libéré les auteurs d’une attaque contre un agent de la mission. Une affaire compromettante révélée par la BBC News qui vient de nouveau éclabousser la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) déjà en mauvaise posture dans le pays.
Centrafrique : l'ONU accusée d'avoir libéré des suspects de crime de guerre
Les faits remontent à décembre 2015. Quatre soldats rebelles appartenant à une milice majoritairement musulmane, l’Union pour la paix en RCA, attaquent un poste de contrôle de la Minusca dans la ville de Galaborama. Un soldat onusien sera blessé ce jour.
Quant aux assaillants, ils perdirent l’un des leurs dans la riposte de la Minusca, tandis qu’un autre fut blessé. Deux autres ont été neutralisés et transférés au quartier général du bataillon dans la ville minière voisine de Bambari. À l‘époque, le haut fonctionnaire de l’ONU à Bambari , Zlatko Bars-Dimitroff, recommande un “transfert immédiat” des rebelles à Bangui pour une “enquête appropriée” par les autorités judiciaires locales.
Mais contre toute attente, les deux rebelles seront libérés environ deux semaines pus tard par la mission de l’ONU. Dans des documents confidentiels qu’a pu consulter la BBC, la Minusca justifie sa décision par sa volonté d’apaiser les tensions en période électorale.
Pour “apaiser le processus électoral dans la région de Ouaka, les autorités de l’ONU ont décidé de libérer les présumés criminels de guerre, les remettant au dirigeant local de l’UPC Ali Darassa”, indique le rapport confidentiel de l’ONU.
“La nécessité d’assurer le calme pour les élections était une préoccupation”, a déclaré à la BBC, Diane Corner, un haut responsable politique à l’ONU à l‘époque des incidents. Cependant, en regardant en arrière, elle estime que “ce n‘était pas la motivation” pour la libération des deux détenus.
Or, selon les propres textes de la Minusca,“toute attaque visant la population civile, l’ONU et le personnel humanitaire est un crime de guerre qui peut être poursuivi en conformité avec la loi centrafricaine et la loi internationale”.
Outre la violation de ses textes dont a fait preuve la Minusca, cette affaire relève également la question de l’impunité dont bénéficient les forces rebelles en présence en Centrafrique. D’ailleurs, Lewis Mudge, chercheur à Human Rights Watch, s’inquiète de l‘élan que peuvent prendre les groupes rebelles dans leurs attaques.
“Quand les hommes de Darassa peuvent tirer sur des soldats de la paix et massacrer des civils sans conséquences, cela ouvre la question du niveau d’engagement du gouvernement national, de Minusca et des partenaires internationaux”, a déclaré M. Mudge.
“Le vrai problème est que Darassa comprend cette impunité”, a-t-il poursuivi. “Il n’est pas stupide et il devient de plus en plus audacieux chaque fois que ses hommes tuent et violent sans répercussion.”
L’ONU a été accusée de nombreuses fautes dans le cadre de sa mission en Centrafrique. La principale a imprimé son nom en capitale sur le scandale des abus sexuels dans lequel serait impliqués les Casques bleus. En juin notamment, un bataillon de plus de 600 soldats de la République du Congo avait été renvoyé dans ce pays après des accusations d’agressions sexuelles et de divers trafics.