La crise qui secoue les deux pays suite aux propos du ministre algérien des Affaires étrangères accusant le voisin marocain de blanchiment d’argent et de trafic de haschich, pourrait mettre à mal Etawassoul El Magharibi (Lien maghrébin), une initiative menée depuis 2012 par des ressortissants de deux pays pour consolider les liens entre pays du Maghreb.
Algérie-Maroc : une énième dispute qui pourrait briser « le lien maghrébin » ?
Un Abdelkader Messahel visiblement impertinent et insolent. Le ministre algérien des Affaires étrangères n’a pas eu besoin des euphémismes pour dénoncer lors d’un forum des chefs d’entreprise, le 21 octobre à Alger, la nature et l’origine des investissements marocains sur le continent.
« Les banques marocaines, c’est le blanchiment de l’argent du haschisch, ça tout le monde le sait. C’est des chefs d’Etats africains qui me le disent », a affirmé le chef de la diplomatie algérienne. Lequel a également indiqué que la compagnie aérienne Royal Air Maroc « transporte autre chose que des passagers, elle ne transporterait que du Hashish ». « Et cela tout le monde le sait », ajouté le ministre.
Le Royaume de son côté n’a pas tardé à réagir. Rabat a immédiatement rappelé son ambassadeur à Alger et convoqué des cadres de l’ambassade d’Algérie au Maroc.
Or, depuis 2012, des Tunisiens, Marocains et Algériens œuvrent à « mieux défendre les liens entre les peuples du Maghreb », par le biais de l’association Etawassoul El Magharibi (Lien maghrébin). « Nous sommes, en principe, un seul peuple, mais le colonisateur français a tout fait pour nous diviser, à commencer par l’instauration des frontières….», déclarait en 2012, Rabah Karoumi, un Algéro-Marocain, président de Etawassoul El Magharibi.
Des frontières qui n’ont pourtant pas empêché des Marocains de s’installer en Algérie. La plupart des quelque 80.000 Marocains résidant en Algérie y sont arrivés depuis le milieu du siècle dernier. Au sein du FLN, ils ont combattu aux côtés de leurs « frères » le colon français Aujourd’hui, ils constituent un creuset de main-d’oeuvre et de pourvoyeurs d’emplois dans la région d’Oranie dans le secteur agricole.
Si cette énième crise algéro-marocaine est parfois perçue comme une course à l’hégémonie en Afrique subsaharienne et qu’elle est susceptible d’envenimer les tensions quasi-séculaires entre les deux voisins, les peuples à la base pourraient en faire abstraction.