Pour le président centrafricain, génocide est un "mot très fort"

Le président centrafricain et les Nations unies pas sur la même longueur d’onde à propos des massacres dans son pays. Faustin-Archange Touadéra trouve, en effet, « très fort » le mot « génocide » employé par l’ONU.

Il y a deux mois, le chef des bureaux humanitaires onusiens mettait en garde contre les risques d’un génocide suite aux exactions dans la ville de Bangassou. Exagéré, selon Faustin Archange Touadéra qui faisait face mercredi au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. « Génocide, pour nous, c’est peut-être un mot très fort…. Les communautés de Bangassou qui s’affrontent sont pratiquement de même famille. Selon ce que nous savons sur cette question, il n’y a pas de programmation et la situation globale sur la République Centrafricaine varie suivant les villes et les régions », explique le président centrafricain actuellement en tournée internationale.

La MINUSCA pour sortir le pays du gouffre

La situation reste, pour autant, encore très préoccupante en Centrafrique. Les violences se poursuivent malgré l’accord de paix signé à Rome entre le gouvernement et différentes factions rivales. Les combats de ces dernières semaines ont fait plusieurs dizaines de morts et contraint des centaines de milliers de personnes à fuir leurs domiciles. Une situation que souhaite maîtriser Bangui avec, bien sûr, l’aide des 13 000 hommes de la force onusienne de maintien de la paix, la MINUSCA.

Le gouvernement centrafricain espère surtout reprendre le cotrôle des zones minières actuellement entre les mains des groupes armés. « Nous avons clairement demandé aux Nations Unies, car il y aura une discussion sur le renouvellement du mandat de la MINUSCA (Mission intégrée de stabilisation multidimensionnelle en République centrafricaine), qu’il soit spécifiquement mentionné dans ce mandat, afin que nous puissions avoir le contrôle de cette zone entière, car il y a des ressources en moins pour l’Etat », estime le président Touadéra.

« S’attaquer aux finances » des rebelles

Des ressources en moyens pour l‘État, mais qui renforcent surtout le pouvoir des groupes armés. Un rapport du centre d’analyse International Group Crisis (ICG), publié ce jeune, souligne d’ailleurs l’importance de « s’attaquer aux finances » des rebelles qui se battent pour le contrôle des ressources naturelles du pays. Pour le groupe de réflexion, la lutte contre les trafics « les plus rémunérateurs » (diamants, or, bétail…) doit être au cœur de la stratégie de sortie de crise.

L’ICG préconise, de fait, une « reprise, par des forces internationales, des principaux sites miniers » de l’est du pays, ce qui, aux yeux des experts, « présenterait plusieurs avantages » : priver les groupes armés de ce financement, « éroder le soutien des acteurs du diamant » qui commercent avec les groupes armés, et relancer la filière minière pour redonner de l’emploi aux jeunes et désolidariser les acteurs économiques des groupes armés.

Après une période d’accalmie, les violences ont repris de plus belle en RCA, faisant plusieurs centaines de morts. Parallèlement, un quart des 4,5 millions d’habitants a fui son lieu de vie, selon les Nations unies. Il s’agit du plus haut pourcentage « jamais observé » dans un pays empêtré dans des violences depuis 2013.
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