L’archevêque sud-africain et prix Nobel de la paix Desmond Tutu a vivement critiqué jeudi Aung San Suu Kyi, l’exhortant “à intervenir dans la crise qui dégénère” en Birmanie et à protéger la minorité musulmane persécutée par les forces de sécurité.
Desmond Tutu exhorte Suu Kyi à intervenir pour protéger les Rohingyas
En moins de deux semaines, quelque 164.000 personnes, la plupart des Rohingyas, minorité musulmane en Birmanie, ont fui des violences pour se réfugier au Bangladesh voisin selon l’ONU. Aung San Suu Kyi, qui dirige de facto le gouvernement birman, est critiquée à l‘étranger pour son refus obstiné de défendre cette population.
“Je suis maintenant vieux, faible et officiellement à la retraite, mais je romps mon voeu de garder le silence en raison de ma profonde tristesse au sujet de la situation désespérée” des Rohingyas, a écrit Mgr Tutu dans une lettre adressée à la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.
“Si le prix politique à payer pour votre ascension politique en Birmanie est votre silence, le prix est assurément trop élevé (...). Il est incongru pour un symbole de justice de diriger ainsi un pays”, a-t-il estimé.
“Nous prions pour que vous soyez une fois de plus courageuse (...). Nous prions pour que vous vous exprimiez au nom de la justice et des droits de l’homme. Nous prions pour que vous interveniez dans la crise qui s’aggrave”, a encore dit l’archevêque anglican à la retraite, qui confie avoir eu “pendant des années” la photo d’Ang San Suu Kyi sur son bureau.
Mercredi, cette dernière est sortie de son silence pour dénoncer un “iceberg de désinformation” dans la crise dans son pays.
Un million de Rohingyas vivent en Birmanie, depuis des générations pour certains. Mais les Birmans les considèrent comme des Bangladais, en faisant la plus importante population apatride au monde.