La Cour suprême du Kenya a commencé à examiner lundi le recours pour irrégularités déposé par l’opposant Raila Odinga qui conteste la réélection du dirigeant sortant Uhuru Kenyatta à la présidentielle du 8 août.
La Cour suprême du Kenya examine le recours de l'opposant Raïla
L’opposition, qui estime que l‘élection a été entachée de nombreuses fraudes, avait saisi la Cour suprême le 18 août. L’instance composée de sept juges dispose de 14 jours à compter de cette date, soit jusqu’au vendredi 1er septembre, pour rendre son avis, qui est définitif.
Après une semaine consacrée au dépôt par écrit des arguments de la coalition d’opposition Nasa, et des contre-arguments de la Commission électorale (IEBC) et de M. Kenyatta, la Cour suprême devait examiner le recours sur le fond.
La matinée a commencé avec l’autorisation accordée à l’opposition par la Cour d’accéder à tous les serveurs du système électronique de l’IEBC, ses pare-feux, les données GPS des kits de collecte et transmission des résultats ainsi que les copies originales des procès-verbaux du scrutin.
Un important déploiement policier entourait la Cour située dans le centre-ville de Nairobi, toutes les rues attenantes étant bloquées par des camions de la police. Une centaine de personnes étaient rassemblées à l’intérieur, dont les principales figures de Nasa, Raila Odinga, Kalonzo Musyoka, Musalia Mudavadi et Moses Wetangula.
Soit la cour valide l‘élection et M. Kenyatta, 55 ans, sera investi une semaine plus tard pour un second mandat de cinq ans. Soit elle annule le scrutin, et l’IEBC disposera de 60 jours pour organiser une nouvelle élection présidentielle.
Nasa conteste la réélection de M. Kenyatta, déclaré vainqueur le 11 août avec 54,27% des voix contre 44,74% à M. Odinga, qui se représentait pour la quatrième fois après avoir déjà échoué en 1997, 2007 et 2013.
L’annonce de la victoire de M. Kenyatta avait déclenché deux jours de manifestations et d‘émeutes implacablement réprimées par la police dans des bidonvilles de Nairobi et dans l’ouest du pays, des bastions de l’opposition. Au moins 17 personnes sont mortes et 177 ont été blessées.
Les observateurs craignent que de nouvelles violences n‘éclatent si la Cour suprême donne tort à M. Odinga, 72 ans, comme elle l’avait fait en 2013, lorsque celui-ci avait déjà contesté la victoire de M. Kenyatta.
Pour l’opposition, le scrutin présidentiel a été “si mal conduit et entaché de tellement d’irrégularités qu’il importe peu de savoir qui a gagné ou qui a été déclaré vainqueur”.
Elle considère que les résultats transmis via le système électronique de l’IEBC diffèrent de manière substantielle de ceux provenant des procès-verbaux issus des bureaux de vote et des circonscriptions, les seuls à faire foi.