La police a dispersé samedi à coups de gaz lacrymogènes des partisans d’un parti de l’opposition qui tentaient de se rassembler pour une marche dans les rues de Lomé afin d’exiger des réformes politiques.
Togo : manifestation de l’opposition dispersée aux gaz lacrymogènes
À l’appel du Parti national panafricain (PNP), des milliers de manifestants, vêtus pour la plupart de tee-shirts rouges, la couleur du parti qui ont investi le lieu de rassemblement ont rapidement été dispersés à coup de grenades lacrymogènes.
Vendredi, les ministres de la Sécurité et de l’Administration territoriale avaient proposé un itinéraire aux organisateurs de la manifestation, mais ceux-ci ont refusé et maintenu leur propre itinéraire.
S
elon le ministre de la Sécurité, le colonel Yark Damehame, l’itinéraire choisi par les manifestants visait à bloquer les activités de la capitale.
Le PNP avait également prévu des marches dans certaines autres villes du Togo ce samedi, qui ont également été dispersées, ont rapporté des journalistes de médias privés dans ces localités.
“Nous sommes fatigués de ce régime. Nous voulons les réformes avant les prochaines élections. C’est tout”, a déclaré Idrissou Hama, l’un des manifestants au milieu de la foule à Lomé.
Le président Faure Gnassingbé a succédé à son père, Gnassingbé Eyadéma, - qui a dirigé le Togo pendant 38 ans – à la présidentielle de 2005 avec l’appui de l’armée, avant d‘être réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l’opposition.
Le 3 août, les militants et sympathisants du Combat pour l’Alternance politique (CAP), le plus important regroupement de cinq partis de l’opposition, avaient manifesté à Lomé pour les mêmes raisons.
L’opposition exige une révision de la constitution
L’opposition togolaise réclame depuis dix ans que la Constitution – modifiée en 2002 – soit révisée, notamment afin d’y réintroduire une limitation des mandats présidentiels à 10 ans au plus.
Elle exige également un mode de scrutin à deux tours, une recomposition de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale.
Un projet de loi prévoyant ces réformes a été déjà rejeté en juin 2014 par le Parlement, dominé par le parti au pouvoir avec 62 sièges sur 91.
De nouveaux débats autour de deux propositions de loi, introduites par l’opposition n’ont rien donné, opposition et pouvoir s’accusant réciproquement de bloquer le vote des textes.
Le 3 janvier, le président Gnassingbé a nommé les personnalités d’une commission créée en janvier 2015, chargée de proposer un texte de réformes institutionnelles et constitutionnelles. Mais aucune personnalité de l’opposition n’y figure.
Boudée par l’opposition, cette commission a entamé depuis le 31 juillet des consultations à travers le pays. Elle doit recueillir des avis et suggestions de la population pour proposer des réformes qui “tiennent compte de l’histoire du pays et répondent aux aspirations du peuple togolais”.