Poursuivre l’expansion de sa production pétrolière. C’est bien vers cet objectif que court le gouvernement nigérian. D’ailleurs, il envisage de relancer les recherches pétrolières dans la région du nord-est, transformée en bastion du groupe extrémiste Boko Haram.
Nigeria : le gouvernement envisage d'exploiter le pétrole dans les fiefs de Boko Haram
“Le président serait très heureux si nous faisions une découverte”, a expliqué le porte-parole de Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), la compagnie nationale. “C’est une priorité pour la NNPC et c’est une priorité pour le pays”, a-t-il ajouté.
Aidée de l’expertise chinoise et américaine, la compagnie pétrolière nationale a entamé des travaux d’exploration dans une zone allant de l’Etat central de Benue jusqu‘à Gombé. Même si le gouvernement du Nigeria concentre son travail d’exploration à Bauchi et à Gombe, toujours dans le nord-est, mais loin des points chauds de Boko Haram.
Une entreprise qui inquiète les analystes. D’abord, il faut compter avec des conflits communautaires notamment sur le contrôle des terres comme c’est aujourd’hui le cas dans le Delta du Niger, ancienne région séparatiste qui se plaint de ne pas profiter pleinement des revenus pétroliers tirer de ses terres.
“On risque de commencer à voir les communautés de la région chercher à exercer davantage de contrôle sur les terres, c’est ce que l’on observe dans le delta du Niger”, explique Dolapo Oni, analyste des questions énergétiques chez Ecobank.
Autre risque, Boko Haram, qui pourrait multiplier davantage ses attaques pour s’accaparer les puits pétroliers.
Mais pour le gouvernement nigérian, il y a plus à gagner qu‘à perdre. Ces nouvelles explorations couvent en effet un triple objectif : améliorer la rente pétrolière, développer le nord-est aujourd’hui défiguré et offrir une alternative aux jeunes afin de les éloigner du djihadisme.
Premier producteur de brut en Afrique, le Nigeria est le pays le plus durement touché par la crise du pétrole, matière dont il tire 70 % de ses revenus. Pour la première fois en 25 ans, le pays est rentré en récession en 2016. Avec une inflation à deux chiffres et une devise nationale, le naira, en chute libre face au dollar.
Les attaques répétées de groupes armés sur les infrastructures pétrolières et gazières exploitées dans le delta du Niger (sud-est) n’y ont rien arrangé. La production s’est ainsi effondrée à 1,4 million de barils par jour (mb/j) alors qu’elle atteignait en moyenne 2 à 2,2 mb/j au premier trimestre 2016. Toutefois, le pays ambitionne dans les cinq années à venir, de produire 3 millions de barils par jours grâce, entre autres, à un assainissement de l’industrie pétrolière.