Les peuples Hutu et Tutsi font les grands titres de l’actualité dans les Grands Lacs. Une exposition qui se fait au détriment des minorités ethniques telles que les Batwa. Ce peuple autochtone représente environ 1 % de la population au Burundi. Un chiffre sous-évalué selon les Nations unies qui les empêche de revendiquer leurs droits. Alors que l‘économie burundaise s’appuie principalement sur l’agriculture, les Batwa sont eux contraint de vivre grâce à la poterie. Un travail artisanal déconnecté du monde moderne.
Burundi : les Batwa en quête de terres pour se prendre en charge
« J’ai 50 ans et depuis ma naissance, je n’ai fait d’autre métier que la poterie, indique l’un d’entre eux rencontré dans une carrière d’argile. Les pots n’ont plus de valeur, leur prix est très bas alors que les produits alimentaires sont chers. Pour un pot fabriqué par un homme, on te fait presque rien comme nourriture. Nous demandons qu’ils nous aident et nous octroient des terres pour cultiver parce que nous avons de la force. C’est la première chose qu’on demande à l’État. Certains de nos enfants vont tant bien que mal à l’école. Mais à cause de la faim, ils désertent. Par exemple, une maman passe beaucoup de jours pour fabriquer des pots et les enfants restent affamés. Et quand on envoie un enfant à l’école, après quelques heures, il rentre parce qu’il n’a rien mangé. Et le lendemain, il n’y retourne pas »
La Constitution de mars 2005 au Burundi prévoit une répartition du pouvoir à hauteur de 60 % pour les Hutu et de 40 % pour les Tutsi. Aucune référence aux Batwa, la 3e tribu. Du coup, seuls 6 députés de ce groupe marginalisé sur 121 sièges au Parlement.
« Nous entendons sur les médias qu’il y a des représentants des Batwa dans des institutions, mais nous ne les connaissons pas physiquement. Il ne sont pas au courant de nos problèmes. Pour nous, les Batwa de Cibitoke, ils ne nous représentent pas, ils ne représentent pas nos intérêts ».
En 2013, lors des discussions pour l’amendement de la Constitution, les leaders Batwa ont adressé une lettre au Président Pierre Nkurunziza pour s’indigner de leur marginalisation. Des suggestions qui ont une nouvelle fois été mises de côté.