Cent mille personnes souffrent actuellement de famine dans l‘État de l’Unité au Soudan du Sud et elles seront un million dans les prochains mois, a alerté l’ONU. Cela n‘était plus arrivé dans le monde depuis 2011 avec la Somalie.
Au Soudan du Sud, la famine se nourrit de la guerre
Contrairement à l‘Éthiopie où la famine – le niveau le plus élevé de l’échelle IPC (cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) des Nations unies, précédé par les phases “urgence” et “crise alimentaire” – est consécutive à la sécheresse, au Soudan du Sud, c’est l’homme qui crée la famine.
Après une visite de deux jours dans ce pays d’Afrique de l’Est, le chef de l’humanitaire de l’ONU, Stephen O’Brien, a clairement accusé les forces gouvernementales de faire obstacle à l’aide humanitaire. Il dénonce entre autres “une hostilité active, un refus d’accès et des entraves bureaucratiques” orchestrés par ces forces. Des actes qui selon M. O’Brien limites les forces de l’ONU.
Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé dans une guerre fratricide qui a occasionné selon les chiffres des ONG 50 000 morts et plus de trois millions de déplacés. Ce conflit qui oppose les forces du président Salva Kiir à celles de son ancien vice-président Riek Machar a fait chuter la production agricole et détruit des stocks de nourriture.
Les populations en zones de conflit sont obligées de fuir, réduites à boire de l’eau des rivières et des mares ou à se nourrir de racines de nénuphars et de noix de coco. Alors en plus de la famine, il faut aussi faire avec des maladies comme le choléra.
Il y a peu, le président sud-soudanais Salva Kiir promettait de favoriser l’accès aux humanitaires. Même son de cloche chez son voisin soudanais, Omar el-Béchir. Mais avec la persistance des groupes armés, il semble que la promesse est difficile à tenir.
La famine guette également la Somalie, le Nigeria et le Yémen. Ce mardi, le secrétaire général de l’ONU a encore appelé à la réaction des donateurs pour éviter un autre drame car la famine pourrait causer 20 millions de morts dans les six prochains mois. 4,4 milliards de dollars sont nécessaires d’urgence pour éviter au monde une autre catastrophe.